Publié le 16 janvier 2025

En ce mois de janvier, la rédaction de Novethic vous propose de découvrir ses vœux pour l’année 2025. Le mien ? Que l’on soit capable de résister, alors que les reculs s’annoncent partout en matière de transformation durable en cette année charnière.

Après une année 2024 éminemment difficile pour tous les acteurs de la transition écologique et sociale, il faudra encore certainement beaucoup de détermination et de courage pour traverser 2025. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de son équipe de populistes aux Etats-Unis, avec la montée en Europe d’une droite et d’une extrême droite résolument opposées aux progrès sociaux et écologiques, avec les coupes budgétaires qui s’annoncent partout dans les institutions de la transformation durable, on pourrait être tentés de se résigner, d’abandonner, de lâcher l’affaire.

Pourtant, le calendrier de 2025 appelle plutôt à faire acte de résistance, et à se mobiliser pour tenter de contenir les reculs qui s’annoncent. Car ce ne seront pas les combats qui vont manquer, alors que les avancées en matière sociale et écologique risquent d’être remises en cause un peu partout dans le monde.

Résister aux retours en arrière

La lutte pourrait commencer dès le mois de février, le 26 précisément, avec la présentation à la Commission européenne de la législation omnibus pour “simplifier” les réglementations durables européennes. C’est Ursula van der Leyen elle même, en compagnie du Commissaire européen Stéphane Séjourné, qui présenteront les grandes lignes de cette loi, qui vise explicitement à réduire les ambitions de la CSRD, directive européenne sur le reporting de durabilité, mais aussi la directive sur le devoir de vigilance et la taxonomie verte sur la finance durable. Avec au Parlement européen une droite et une extrême droite puissantes, qui s’opposent depuis plusieurs mois à l’encadrement des grandes entreprises en matière d’impacts sociaux et environnementaux, on peut dire que l’horizon est plutôt sombre pour ces textes clés du Green Deal. D’autant que d’autres textes, comme la loi sur la restauration de la nature ou les règlements sur l’économie circulaire pourraient aussi être remis en cause, sous la pression de lobbies économiques opposés aux normes de durabilité.

Pourtant, rien n’est perdu. Depuis plusieurs mois, certains groupes politiques, dont le groupe des Verts, mais aussi le monde associatif et les acteurs économiques se mobilisent pour sauver la CSRD et les autres règles de durabilité. 160 syndicats, ONG et organisations internationales viennent d’appeler l’Europe à maintenir son cap en matière de transformation écologique et sociale, rejoints par les grands acteurs économiques notamment en France. Sur le terrain, la résistance s’organise déjà tandis que les professionnels de la durabilité s’engagent plus que jamais pour faire progresser notre économie. Si les discours réactionnaires et la désinformation se font de plus en plus entendre dans l’arène politique et médiatique, rappelons que, selon un sondage Ifop publié en 2023, 76% des Français jugent prioritaire la mise en œuvre des réglementations durables européennes. Et si cette société civile, aidée par des médias engagés et des associations déterminées, se réveillait pour faire entendre sa voix ?

Des batailles à mener pour la durabilité

Parmi les autres batailles, il y a celle contre les coupes budgétaires et les renoncements pour la transition écologique et sociale, l’économie sociale et solidaire ou le monde associatif, alors que se négocie le budget pour 2025. Celle aussi de continuer à avancer, avec ou sans Donald Trump, pour des engagements encore plus ambitieux à la COP30 sur le climat. C’est ce qu’appellent à faire les maires de 70 grandes métropoles mondiales, alors que selon l’UNEP, 86% des citoyens à travers près de 80 pays déclarent “souhaiter que leurs pays mettent de côté leurs différences géopolitiques et travaillent ensemble sur le changement climatique”. Dix ans après la COP21, qui a fait naître l’Accord de Paris, ce seront peut-être les acteurs locaux qui prendront la relève de l’action climatique.

Il faudra aussi résister aux sirènes anti-ESG qui montent dans le monde de l’entreprise, résister aux appels nauséabonds des grands patrons de la tech, qui réclament tour à tour plus d’ultra-libéralisme, de masculinité, d’agressivité et moins d’inclusion… En face d’eux, ceux qui veulent au contraire “repanser” l’économie, la rendre plus juste et plus durable, continuent de tenter de porter des imaginaires plus positifs pour notre société et nos économies. 2025 sera l’heure des choix, en Europe peut-être encore plus qu’ailleurs dans ce monde fracturé. Le choix de se résigner à un mouvement de retour en arrière destructeur, ou celui de se battre pour le progrès social et écologique. Faisons le vœux d’être les plus nombreux possibles à faire le bon.

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