Publié le 23 décembre 2024

Pas de Pumpkin spice Latte chez Starbucks et de colis de Noël livré par Amazon. Des milliers de salariés de ces deux géants participent à un mouvement de grève aux Etats-Unis, réclamant une augmentation des salaires. Coïncidence : la chaîne de café et le géant du e-commerce sont tous les deux épinglés pour leur politique anti-syndicale dans le pays.

C’est “la plus grande grève de l’histoire contre Amazon”. Voilà les mots de la puissante organisation des Teamsters (IBT) qui dit représenter environ 10 000 personnes travaillant pour Amazon. “Si votre colis est retardé pendant les fêtes, vous pouvez blâmer Amazon pour son avidité insatiable. Nous avons donné à Amazon un délai clair pour négocier et faire ce qu’il faut pour nos membres. Amazon l’a ignoré”, a déclaré le président général des Teamsters, Sean M. O’Brien. “Ces dirigeants avides ont eu toutes les chances de faire preuve de décence et de respect envers les personnes qui rendent leurs profits obscènes possibles,  ajoute-t-il. Au lieu de cela, ils ont poussé les travailleurs à bout et maintenant, ils en paient le prix. Cette grève leur est imputée”.

Bras de fer entre Amazon et le syndicat Amazon Labor Union

Concrètement, depuis le jeudi 19 décembre, une grève a été lancée par le syndicat Amazon Labor Union (ALU), affilié à Teamsters, dans sept sites du géant de l’e-commerce,  à New York, Atlanta (Géorgie), en Californie et dans l’Illinois. Le cœur des tensions se focalise sur la rémunération des salariés. Les syndicats réclament des augmentations et ont posé un ultimatum au groupe jusqu’au 15 décembre. Le groupe affirme que le salaire minimum dans ses centres de tri et d’expédition aux Etats-Unis a progressé de 20% en six ans et que les avantages se sont multipliés, ce que réfute le syndicat. “Depuis plus d’un an, les Teamsters cherchent à tromper l’opinion en affirmant représenter des milliers d’employés et de chauffeurs d’Amazon, alors que ce n’est pas le cas”, a indiqué une porte-parole du groupe à l’AFP, accusant les Teamsters d’avoir “activement menacé, intimidé, et tenté par la coercition de forcer des employés d’Amazon et des chauffeurs à les rejoindre”. Le bras de fer entre le syndicat et la direction d’Amazon n’est pas nouveau.

La liberté de se syndiquer, la question qui polarise les AG américaines

Depuis sa création en 1994, Amazon mène une politique anti-syndicale très active. Pendant des années, Amazon a ainsi dépensé des dizaines de millions d’euros pour décourager la syndicalisation dans le groupe aux Etats-Unis. Mais pas seulement. Un tribunal a également estimé que la multinationale avait eu recours à des tactiques antisyndicales dans un de ses entrepôts de Montréal. Le groupe diffusait des messages comme “Les syndicats ne peuvent pas garantir les changements dans le milieu de travail” ou “Les syndicats vous facturent des cotisations“. Reste qu’après des années de lutte, un petit groupe d’employés a réussi en 2022 à créer le premier syndicat du groupe au sein de l’entreprise aux Etats-Unis.

Starbucks et ses 11 000 “baristas” syndiqués

En 2021, c’est un autre groupe, lui aussi actuellement touché par une grève, qui avait marqué l’histoire américaine. Deux établissements de Starbucks avaient voté la création d’un syndicat, malgré le désaccord du groupe. Une première. Depuis, le mouvement s’est étendu et compte aujourd’hui plus de 11 000 “baristas” syndiqués. 525 magasins ont ainsi pris part à une grève depuis le 20 décembre et jusqu’à Noël, répondant à l’appel du syndicat Workers United. Là aussi les revendications portent sur les augmentations de salaire. En ligne de mire : le nouveau patron, Brian Niccol, dont le salaire de base de 1,6 million de dollars hors bonus et stock options avait déjà fait polémique en août lors de son arrivée.

“Brian Niccol, PDG de Starbucks, gagne environ 50 000 dollars de l’heure et se rend au travail en jet privé. Pendant ce temps, les baristas de tout le pays ont du mal à payer leur loyer et à obtenir les heures dont ils ont besoin pour bénéficier des prestations sociales”, a tweeté le syndicat Workers United.

Comme Amazon, Starbucks a signifié que ces grèves n’auraient pas d’impact significatif sur les opérations.

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