Publié le 30 septembre 2024

Coup sur coup, easyJet a annoncé la fermeture de sa base toulousaine et l’abandon de trois liaisons au départ de l’aéroport de Beauvais. Deux décisions stratégiques notamment motivées par la baisse du trafic métropolitain qui devrait se poursuivre en 2024. Mais si un changement des usages est évoqué, il ne faut pas y voir “une tendance de fond” prévient un expert.

EasyJet jette l’éponge. Début septembre, la compagnie low-cost annonçait la fermeture de sa base au sein de l’aéroport Toulouse-Blagnac, au grand désarroi des 125 employés y opérant depuis douze années. Si quelques liaisons seront conservées, les dessertes en début et fin de journée seront supprimées. Quelques jours plus tard, l’entreprise britannique révélait ne plus desservir l’aéroport de Beauvais où elle avait ouvert trois lignes en 2022, dont une vers Nice.

Interrogée sur cette décision par Challenges, l’entreprise assure se concentrer sur “le maintien et le développement des lignes les plus prisées”, en se “focalisant sur celles recueillant la plus forte demande”. Une réorientation stratégique en partie liée à la baisse du trafic intérieur constatée en France depuis la crise sanitaire du covid-19. Tandis que le trafic entre Paris et Nice a encaissé un affaissement de près de 7% entre 2022 et 2023, celui entre Paris et Toulouse a enregistré un recul de 13% entre les mois d’août 2022 et 2024.

7,8 millions de voyageurs en 2024

Une tendance qui s’illustre sur l’ensemble des lignes intérieures. Alors que le trafic aérien international démontre un important dynamisme, au point d’atteindre des niveaux similaires aux records enregistrés en 2019, les liaisons métropolitaines accusent de leur côté une baisse légère, mais continue. Selon des chiffres partagés par nos confrères des Echos, le trafic intérieur serait ainsi passé de 16,3 millions de passagers en 2019 à 12,3 millions en 2023, soit une diminution de près de 20%.

Et la situation ne devrait pas s’améliorer dans les prochains mois. Entre janvier et août 2024, 7,8 millions de voyageurs ont emprunté des vols domestiques. En 2022, ils étaient 8,31 millions sur la même période. Si le contexte inflationniste et la hausse du prix des billets dans l’Hexagone sont évoqués pour expliquer ce phénomène, la réponse est surtout à aller chercher du côté des déplacements professionnels. En octobre 2023, Air France mentionnait en effet la désertion de cette clientèle pour justifier son retrait de l’aéroport d’Orly.

“Entre 2019 et 2023, la baisse du trafic sur les liaisons domestiques au départ d’Orly est de -40%, et même de -60% pour les allers-retours dans la journée”, observait la compagnie, énonçant “l’effet de sobriété et des politiques de RSE des entreprises”. En réponse à l’adoption de stratégies de réduction de leur impact carbone, les sociétés se détourneraient de l’avion au profit du transport ferroviaire. Plus de 70% des déplacements professionnels seraient ainsi aujourd’hui effectués en train selon une étude menée par le cabinet Qonto.

“Jeu concurrentiel entre les acteurs économiques”

L’avènement du télétravail au sortir de la pandémie a également provoqué une réévaluation de ce type de déplacements. “On peut supposer que le développement des réunions de travail à distance a eu un impact, car on sait que c’est un segment qui porte beaucoup les vols domestiques. Dans le cas de Toulouse, c’était un segment très important pour easyJet”, analyse pour Novethic Jérôme du Boucher, responsable aviation au sein de l’ONG Transport & Environment.

Alors, les Français bouderaient-ils l’avion ? Loin de là selon l’expert. D’une part, les voyages liés aux loisirs continuent de progresser, tout comme le nombre de vols proposés par les compagnies low-cost qui a augmenté de 13% en 2023. D’autre part, les fermetures annoncées par easyJet “relèvent davantage d’un jeu concurrentiel entre les acteurs économiques que d’un symptôme révélant une tendance de fond insufflée par une régulation dont a besoin”, note Jérôme du Boucher.

A titre d’exemple, la fermeture de la base de Ryanair au sein de l’aéroport de Bordeaux en mai dernier a laissé la place, un mois plus tard, à sept lignes opérées par son concurrent Transavia. “Nous n’avions pas prévu d’ouvrir à court terme, nous avons sauté sur l’opportunité”, expliquait alors Nicolas Henin, le directeur commercial de la compagnie, auprès de Challenges. Les créneaux prochainement abandonnés par easyJet pourraient eux aussi rapidement trouver preneur.

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