Publié le 22 avril 2024

Petits prix, grandes émissions. Selon une nouvelle étude de l’ONG Transport & Environment, les compagnies low-cost ont vu leurs émissions carbone s’envoler en 2023. Des augmentations qui dépassent les niveaux records enregistrés en 2019.

Le trafic aérien repart de plus belle. Freiné durant plusieurs mois par la crise sanitaire et les confinements successifs, le secteur a vite su rebondir, se rapprochant l’année dernière des niveaux historiques relevés en 2019. Une “reprise incontrôlée” boostée par les compagnies low-cost selon une étude de Transport & Environment (T&E) publiée le 19 avril dernier. En 2023, 700 000 décollages ont été comptabilisés au total en France selon les données collectées par l’ONG, soit une augmentation de 10% par rapport à 2022.

“Ce rebond de l’aérien est accaparé par les compagnies low-cost, qui ont augmenté leur nombre de vols de 13% l’année dernière”, souligne dans un communiqué Jo Dardenne, directrice Aviation à T&E. Trois compagnies sont particulièrement pointées du doigt par cette croissance : Ryanair, easyJet et Wizz Air, qui représenteraient aujourd’hui 26% du marché des vols français à destination de l’Europe, “au détriment des compagnies régulières” qui enregistrent une baisse de plus de 4% sur ce segment.

Le modèle low-cost dope les émissions carbones

Résultat, sans surprise, les émissions de gaz à effet de serre explosent elles aussi. Sans dépasser les niveaux relevés en 2019, elles ont atteint l’année dernière 20,3 millions de tonnes de CO2, “dopées” par l’activité des compagnies low-cost. Dans le top 10 des compagnies les plus polluantes, T&E classe ainsi easyJet, Transavia et Ryanair parmi les pires élèves.

“Par rapport à 2019, Transavia a quasiment doublé ses émissions de CO2 pour les avions au départ de la France”, explique Jo Dardenne. Même tendance pour Ryanair dont le trafic a engendré une hausse de 48% de ses émissions. A noter qu’au niveau européen, la compagnie britannique occupe la première position du classement avec près de 15 millions de tonnes de CO2 émises en 2023.

Dans l’Hexagone, Air France reste quant à elle à l’origine de 38% des émissions totales du secteur rappelle l’ONG. Une pollution que le marché carbone ne permet pas de réguler correctement dans le cas des vols extra-européens. En 2023, la taxe carbone payée par la compagnie nationale s’est élevée à 46 millions d’euros, alors “qu’elle aurait dû régler 700 millions d’euros si tous les vols au départ de l’Europe avaient été taxés”, expliquent les auteurs de l’étude.

4,7 milliards de passagers en 2024

Face à ce constat, T&E appelle à l’adoption d’une stratégie combinant une meilleure maîtrise du trafic et un plan d’approvisionnement en carburants alternatifs. “Les gros pollueurs ainsi que les low-costs payent un prix ridiculement bas pour leurs émissions (…). La France doit freiner l’expansion du modèle low-cost en introduisant des mesures fiscales et opérationnelles, comme le relèvement de la taxe sur les billets et la mise en place de plafonds d’émissions aux aéroports”, fait valoir Jo Dardenne.

D’autant plus que la tendance ne devrait pas s’inverser dans les prochains mois. L’association du transport aérien international (IATA) attend pour 2024 un nouveau record de trafic aérien mondial. Selon les prévisions de l’organisme partagées par Les Echos, il pourrait pour la première fois dépasser les niveaux pré-covid avec 4,7 milliards de voyageurs.

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