Publié le 8 août 2024

La campagne pour les présidentielles américaines a basculé dans une nouvelle dimension. Elle met en scène deux Amériques radicalement différentes. Le ticket démocrate Kamala Harris et Tim Walz mise sur leurs rires communicatifs et le désir d’un monde qui respecte les droits de tous. En face, Donald Trump et JD Vance évoquent le cauchemar d’une Amérique blanche menacée de toutes parts. Ils multiplient les appels à la haine avec le soutien de géants de la tech comme Elon Musk.

Le scénario de la campagne présidentielle américaine est bien plus spectaculaire qu’un énième épisode des “Avengers” mais les caractères des super héros sont diamétralement opposés. Le rire de Kamala Harris était déjà un argument de campagne détonnant et elle a choisi un co-listier, Tim Walz, qui partage cette bonne humeur communicative. Leur programme : ramener la joie de vivre dans un pays dévasté par les clivages, les appels à la haine et l’absence de contrôle des armes.

Tim Walz est le gouverneur d’un état rural, le Minnesota. Il a été professeur, entraineur de football américain et s’adresse aux classes moyennes et ouvrières particulièrement courtisées par Donald Trump. Il défend le droit à l’avortement et est considéré comme plutôt à gauche du Parti démocrate, tout comme Kamala Harris. Il incarne pourtant le Midwest, ces terres du milieu des Etats-Unis qui s’éloignent de plus en plus politiquement des côtes Est et Ouest où domine le “wokisme”, farouchement dénoncé par les partisans de Trump. L’idée du ticket est donc de réunir ces deux Amériques autour de ce qu’elles ont en commun : le rêve américain.

Joe Walsh, ancien membre du Congrès, résume la situation sur X : “un père jamaïcain et une mère indienne qui se sont rencontrés en Californie ont eu une fille, Kamala, qui a épousé un juif de Brooklyn. C’est ça l’Amérique !” Il ajoute : “Kamala Harris et Tim Walz sourient beaucoup tout le temps, Donald Trump et Vance le font très peu. Cela signifie que les premiers veulent nous rassembler et que les seconds veulent nous diviser. C’est cela la différence.”

Futur désirable ou déclinisme crépusculaire

La convention démocrate du 19 août prochain sera l’occasion de tester le pouvoir de cette reconquête par l’envie d’un futur désirable à l’opposé du déclinisme crépusculaire de Trump qui veut prendre sa revanche avec toujours le même slogan : redonner sa grandeur passée à l’Amérique. Son colistier JD Vance, sénateur de l’Ohio, est sur des positions idéologiques similaires, voire plus radicales sur l’avortement ou l’alignement sur la Russie. Tous deux sont aussi misogynes l’un que l’autre mais si Trump préfère les blondes, la femme de Vance, Usha est une avocate d’affaires d’origine indienne qui a fait de brillantes études.

A ce stade, la campagne qui s’est à nouveau électrisée après la sidération de l’attentat contre Trump et le retrait de Biden, évoque très peu les sujets de fond d’autant plus qu’on ne sait pas très bien quand aura lieu le premier débat des deux candidats. Mais les clivages sont aussi clairs comme le résume le dessin ci-dessous. Pour Donald Trump, Kamala Harris est la candidate de la Diversité, de l’Egalité et de l’Inclusion (DEI) ce qui facilite, selon lui, le grand remplacement de l’Amérique de la classe moyenne blanche qui est son cœur de cible. Pour Kamala Harris, Donald Trump est celui qui se croit désigné par Dieu et profite du fervent soutien des évangélistes fondamentalistes pour protéger ses propres intérêts d’où le “OMG” (Oh My God).

Des oppositions aussi sur le changement climatique

Sur le changement climatique les divergences sont tout aussi fortes. Al Gore, ancien vice président et champion de la lutte contre le changement climatique a salué le ticket démocrate. Pour lui, “Kamala Harris en tant que procureure s’est battue contre les majors pétrolières et elle a gagné” et “Tim Walz est un vrai leader climatique qui a fait adopter une loi déterminante dans son Etat et connait très bien le sujet. Il sera capable de porter l’urgence climatique à la Maison Blanche.”

Donald Trump en revanche reste un climatosceptique assumé qui a sorti son pays de l’Accord de Paris en 2016, tout comme son co-listier JD Vance, fervent défenseur des énergies fossiles. Pour cette raison, mais aussi pour les avantages fiscaux qu’il promet aux entreprises et aux ultra riches, Donald Trump bénéficie du soutien de grandes fortunes du monde des affaires, de la finance, de pétrole et du gaz et de la technologie, le plus emblématique étant celui d’Elon Musk lui aussi en guerre contre le wokisme.

La bataille présidentielle américaine se jouera à coup de millions de dollars et de communication politique. Son issue sera déterminante bien au-delà des Etats-Unis sur le modèle à adopter sur tous les plans, économique, environnemental et social. C’est déjà une bonne nouvelle que le rire en soit un élément déterminant !

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes