Publié le 23 juillet 2024

Le patron de Space X et Twitter a décidé de déplacer les sièges de ses entreprises au Texas en raison de la culture “woke” en Californie. Il a pris pour cible une loi protégeant les élèves transgenres, accusant cette éducation d’avoir poussé un de ses enfants à changer de genre. En toile de fond, c’est aussi la fiscalité et son soutien à Donald Trump qui l’ont motivé.

C’est un patron pas comme les autres. Un patron dont l’idéologie “anti-woke” a des conséquences pour le moins importantes sur ses entreprises. Le 16 juillet dernier Elon Musk, à la tête de l’entreprise aérospatiale SpaceX et du réseau social X (ex-Twitter), a annoncé déplacer le siège social de ses deux sociétés au Texas. La raison : un texte, promulgué la veille par Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, visant à protéger les droits des élèves transgenres et à lutter contre la discrimination.

Il interdit, notamment, au personnel scolaire de divulguer à qui que ce soit des informations sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un élève sans le consentement préalable de la personne concernée. Cette interdiction concerne également les parents de l’élève. “Il y a un an, j’ai expliqué clairement au gouverneur (Gavin) Newsom que les lois de cette nature allaient forcer les familles et les entreprises à quitter la Californie pour protéger leurs enfants”, a expliqué Elon Musk.

L’un des enfants du patron de Tesla, né de sexe masculin, s’est identifié comme une femme à 16 ans, et a fait une demande officielle de changement de prénoms en 2021, à 18 ans. Elle a ensuite rompu ses relations avec son père, une décision qu’Elon Musk a attribué à une éducation scolaire qu’il juge trop progressiste. Le 22 juillet dans une interview à The Daily Wire le milliardaire a enfoncé le clou, déclarant : “Mon fils est mort, tué par le virus de la culture woke”.

Le Texas, une terre Républicaine

Le siège de SpaceX est actuellement situé à Hawthorne, dans le comté de Los Angeles, et celui de X à San Francisco. Le premier va être déplacé à Starbase, un complexe industriel de SpaceX situé près de Brownsville, à l’extrême sud-est du Texas, a indiqué Elon Musk. En février, Elon Musk avait déjà changé la domiciliation juridique de SpaceX, la faisant passer du Delaware au Texas. Quant à X, il sera implanté à Austin, où se trouve déjà le siège de Tesla.

Mais ce changement de siège social n’est pas seulement dû à un coup de colère d’Elon Musk, il s’inscrit dans un contexte politique particulier. L’homme parmi les plus riches d’Amérique, malgré sa promesse de ne pas s’engager politiquement, a en effet soutenu publiquement Donald Trump après sa tentative d’assassinat. Selon l’agence Bloomberg, il aurait ainsi promis de verser 45 millions de dollars par mois à un groupe de soutien à la campagne présidentielle du candidat républicain.

Or le Texas, terre Républicaine par excellence, offre une fiscalité beaucoup plus avantageuse qu’en Californie, en plus de s’être dotée d’un arsenal législatif très restrictif pour les droits reproductifs et pour les personnes LGBTQIA+++. De quoi convaincre Elon Musk de déménager. Sans contre-pouvoir en interne, le milliardaire a les mains libres, pour le meilleur et pour le pire.

Harcèlement sexuel, licenciement abusif, drogue

D’autant plus que son ego a été largement conforté par les actionnaires de Tesla en juin dernier lors de l’assemblée générale du groupe. Elon Musk avait soumis au vote une résolution pour faire valider son plan de stock-options de près de 56 milliards de dollars mais aussi changer le siège social de l’entreprise du Deleware vers le Texas, où il espérait que la réglementation soit plus souple. Les actionnaires ont largement validé ces demandes, sous les applaudissements et les cris des actionnaires scandant son nom.

Il semble ainsi difficile d’arrêter le milliardaire, pourtant connu pour ses frasques, et pas des moindres. Une enquête du Wall Street Journal a ainsi révélé que le milliardaire avait une consommation excessive de drogue. Les plus hauts cadres de SpaceX et de Tesla s’en étaient émus, de manière anonyme, dans les colonnes du journal.

En juin dernier, plusieurs ex-employés de SpaceX ont accusé Elon Musk de harcèlement sexuel et de licenciement abusif. Dans ces plaintes, les ingénieurs décrivent une culture d’entreprise sexiste, où les commentaires à caractère sexuel et autres formes de harcèlement sont tolérés, où les femmes sont moins bien payées que les hommes à travail égal, et plus rarement promues. Tesla fait également l’objet d’accusation de harcèlement sexuel et de racisme. Il faut ajouter à cela les propos discriminatoires, le partage régulier de fausses informations ou encore la promotion de comptes négationnistes sur X dont il est le patron. Elon Musk semble diriger ses entreprises comme il mène sa vie, avec des coups de poker permanent.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes