Publié le 07 mars 2018

SOCIAL

#FrenchImpact Après l’électroménager, Envie s’attaque à la rénovation et la redistribution de matériel médical

Chaque semaine, Novethic vous fait découvrir un acteur clé du monde de l’économie sociale et solidaire désormais rassemblé sous la bannière French Impact. Aujourd'hui, retrouvons la fédération Envie, pionnier de l’économie circulaire sur le marché de l’électroménager. Elle souhaite désormais se pencher sur le secteur du matériel médical, qui constitue une véritable gabegie.

La filière Envie Autonomie, sur le réemploi du matériel médical, pourrait créer 1 000 emplois insérant dès les premières années.
@Envie

L’économie circulaire a le vent en poupe ces dernières années, mais chez Envie, c’est un concept auquel on croit depuis bien longtemps. C’est en 1984, dans le sillon d’Emmaüs Strasbourg, que l’entreprise voit le jour en misant sur un concept simple mais innovant : collecter les déchets d’équipements électroménagers, les réparer puis les revendre moitié moins cher sous garantie pour permettre aux plus modestes de s’équiper. Cerise sur le gâteau : Envie emploie des personnes en insertion car elle s’est fixée pour mission de favoriser l’accès au monde du travail pour les personnes qui en sont le plus éloigné.

"Cette idée toute simple a très vite essaimé au fil des années et des dizaines d’entreprises Envie ont vu le jour partout en France", raconte Anémone Berès, présidente de la Fédération Envie. En 2005, à l’activité de réemploi s’ajoute l’activité de recyclage. "D’un coup le déchet a pris une valeur dans le circuit économique, poursuit Anémone Berès. Nous avons dû nous structurer pour faire face à la concurrence des géants du secteur." 

Innover

Pas question de se reposer sur ses lauriers. Envie souhaite maintenant se lancer sur le marché du matériel médical (fauteuils roulants, lits médicalisés, matériels d’aides aux soins…). Depuis 2015, l’entreprise Envie d’Angers a développé une activité de collecte, de rénovation et de redistribution de ces équipements pour les personnes qui ne peuvent s’équiper pour des raisons économiques ou administratives. En 2 ans, sur 4 500 équipements collectés, plus de 1 500 ont été rénovés et distribués, et 10 emplois ont été créés.

L’expérimentation a été étendue à quatre autres sites en France. Et début 2018, c’est une filière dédiée, baptisée Envie Autonomie, qui a vu le jour. "Nous sommes partis du constat qu’il y avait là un important gaspillage, des besoins en hausse avec des personnes qui peinent à s’équiper, et un matériel qui doit être changé plusieurs fois pour suivre l’évolution du handicap", résume la présidente d’Envie.

La fédération est candidate pour bénéficier de l’accélérateur de l’innovation sociale mis en place par le gouvernement. "Nous avons besoin de faire évoluer la réglementation pour que demain, la Sécurité sociale prenne en charge ce matériel rénové, et pas seulement le neuf", plaide Anémone Berès. Il s’agit ainsi de favoriser le déploiement du réemploi, de plus en écrasé par les géants du recyclage, moins vertueux sur le plan environnemental. "Notre difficulté n’est pas de savoir réparer d'un point de vue technique mais d’avoir accès au gisement."

Modèle économique pérenne

Aujourd'hui, Envie affiche un chiffre d'affaires annuel de 76 millions d’euros réalisé à travers 45 magasins et 50 entreprises. La moitié fait du réemploi et l’autre moitié du recyclage. Les sources de revenus proviennent du financement lié à la collecte de déchets, de la vente des appareils électroménagers et des appels d’offre liés au recyclage des déchets.

Comme les entreprises Envie sont des entreprises d’insertion, une subvention leur est également versée pour assurer la formation de ce personnel non-qualifié à hauteur de 10 000 euros par an et par personne. Cela équivaut à 18 % des revenus de la fédération et permet de couvrir les besoins en encadrement plus importants et de compenser une productivité plus longue à démarrer. Aujourd’hui, 2 000 salariés sur 2 500 salariés sont en insertion chez Envie. 

"L’insertion est une mission d’intérêt général que nous revendiquons, insiste Anémone Berès, aux côtés du projet environnemental. Toutes nos structures sont par ailleurs à but non lucratif, avec un actionnariat désintéressé. Depuis 30 ans, nous démontrons ainsi que nous pouvons être de l’économie sociale et solidaire et avoir un modèle économique viable et pérenne." 

Concepcion Alvarez @conce1


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