Publié le 31 août 2020
SOCIAL
[Tempête Covid] De la crise sanitaire à la crise sociale mondiale
Des pertes d'emplois massives, des banques alimentaires débordées, des citoyens ultra-précaires... Le Covid-19 a des conséquences sociales désastreuses. Au niveau mondial, l'ONU craint une rechute de 71 millions de personnes dans l'extrême pauvreté cette année, la première augmentation depuis 1998. La crise sanitaire pourrait amplifier des révoltes partout dans le monde. Toute la semaine, Novethic se penche sur les effets néfastes à long terme du Covid-19.

@PatrickNBaz/AFP
"Même si le nouveau Coronavirus affecte chaque personne et communauté, il ne le fait pas de façon très égale". C'est le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui l'affirme. D'un point de vue sanitaire d'abord, les plus pauvres sont touchés de plein fouet par le Covid-19. La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) estime que les individus appartenant au cinquième de la population ayant les revenus les plus faibles ont une fois et demie plus de risques de développer un cas grave de Covid-19. L’exposition à la contamination est aussi plus élevée pour ceux qui vivent dans des conditions précaires, dans des logements surpeuplés notamment.
Et les conséquences indirectes de la crise sanitaire pourraient être encore plus douloureuses. Avec la crise économique liée au Covid, le Secours populaire a enregistré une hausse de 45 % de la fréquentation. Étudiants privés de petits boulots, familles monoparentales, intérimaires ou autoentrepreneurs sont les "nouveaux visages de la pauvreté", note une enquête du Parisien. Au niveau mondial, l’ONU s’attend à une rechute de 71 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2020, soit la première augmentation dans le monde depuis 1998.
"Au moment où davantage de familles tombent dans l'extrême pauvreté, les enfants des communautés pauvres et défavorisées sont beaucoup plus exposés au travail des enfants, au mariage des enfants et à la traite des enfants", note un rapport du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU. "En fait, les gains mondiaux en matière de réduction du travail des enfants devraient s'inverser pour la première fois en 20 ans", soulignent les auteurs.
Un risque de révoltes
Face à cette dramatique situation, les risques d’émeutes explosent. Au Liban, l'accident chimique qui s'est produit sur le port le 4 août dernier associé à la crise sanitaire, a amplifié la contestation sociale. L'État, en faillite, qualifié de corrompu par de nombreux habitants, jugé responsable de l'explosion est également pointé du doigt pour sa mauvaise gestion du Covid-19. Et la contestation monte dans d'autres pays. En Italie par exemple, pendant le confinement, le ministre de la Cohésion sociale, Giuseppe Provenzano craignait alors que "les préoccupations minant de nombreuses couches de la population, concernant leur santé, leurs revenus ou l’avenir, ne se transforment en colère et en haine si la crise se prolonge".
D’autant qu’avant même le Covid-19, le monde entier connaissait une recrudescence des contestations sociales. "Il est probable que l’impact économique du Covid-19 amplifie les tensions en faisant grimper le chômage, en creusant les inégalités et en détériorant les conditions de travail. Cela se traduira par une aliénation des systèmes politiques et une augmentation de l’agitation sociale. Nous nous trouvons à un moment critique", prévient dans Euractiv Steve Killelea, fondateur de l’institut pour l’économie et la paix.
Marina Fabre, @fabre_marina