Publié le 07 décembre 2018
SOCIAL
Marche pour le climat et Gilets jaunes, entre risque d'affrontement et convergence des luttes
Depuis plusieurs mois, une marche pour le climat se prépare pour le samedi 8 décembre alors que se tiennent les négociations climatiques pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris en Pologne (COP24). Mais en France, cette mobilisation risque de heurter "l'acte IV" des gilets jaunes. Pour de nombreux acteurs environnementaux, ce serait toutefois l’occasion de réunir les luttes afin d’allier transition écologique et justice sociale.

@LesAmisdelaTerre
Après les violences survenues samedi 1er décembre à Paris, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a invité les organisateurs de la marche pour le climat du 8 décembre à annuler leur événement face à l'acte IV des Gilets jaunes. Au micro de RTL cette semaine, l’ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a lui aussi appelé à un report.
"Je trouve que ce n'est pas le moment car c'est un risque de confrontation supplémentaire et de confusion des messages", a-t-il déclaré. L'ancien ministre de la Transition écologique salue par ailleurs le moratoire sur la fiscalité décidé mardi par le gouvernement. "C’est une décision que je trouve, dans le contexte actuel, nécessaire, courageuse et de bon sens, qui n'injurie pas l'avenir", a-t-il dit.
Peur du réchauffement, pas de manifester
Les organisations environnementales ne partagent pas son avis. Elles scandent "avoir peur du réchauffement, mais pas de manifester". "On ne peut pas annuler une marche pour le climat, ce n’est pas possible", appuie Pauline Boyer, du mouvement citoyen Alternatiba. "L'urgence climatique est trop importante, nous venons encore d'avoir des alertes lancées par l'ONU et le Giec, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, il faut réagir".
Seul WWF prend une position à part. Sur twitter, l'ONG écrit : "Le WWF estime que les conditions de sécurité ne sont malheureusement plus réunies pour garantir un déroulement pacifique de la marche du 8 décembre. Dans ce contexte, le WWF n'y prendra pas part et s'associe à Nicolas Hulot pour inviter les organisateurs à la reporter début 2019".
Le WWF estime que les conditions de sécurité ne sont malheureusement plus réunies pour garantir un déroulement pacifique de la marche du 8/12. Dans ce contexte, le @WWFFrance n'y prendra pas part et s'associe à N. Hulot pour inviter les organisateurs à la reporter début 2019.
— WWF France (@WWFFrance) 6 décembre 2018
Samedi 8 décembre, des marches pour le climat sont prévues dans 17 pays, dont 120 dans toute la France, où seulement quelques-unes ont été annulées comme à Avignon. À Paris, le cortège a finalement été modifié pour éviter le secteur des Champs-Élysées et de la Tour Eiffel où des gilets jaunes ont appelé au rassemblement. Il partira à 14 heures de Nation pour rejoindre la place de la République. Le nombre de bénévoles mobilisés pour encadrer le cortège a par ailleurs été doublé et comptera 200 personnes.
Appels à réunir les luttes
Mais s'ils seront physiquement éloignés dans la capitale, certains organisateurs appellent à un rassemblement des luttes. "Nous voulons faire la jonction entre mouvements sociaux et mouvements écologistes, explique Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France. Et ne pas laisser le gouvernement nous diviser entre d’un côté les écolos et de l’autre les mouvements sociaux." L’ONG appelle à la mobilisation le 8 décembre pour faire basculer la fiscalité carbone sur les entreprises les plus polluantes. Le collectif #Unispourleclimat, réunissant des organisations politiques de gauche, appelle aussi à une action commune.
Pour le réalisateur du film "Demain", Cyril Dion, "la raison pour laquelle la planète est dévastée est la même que celle qui conduit les riches à devenir plus riches et le reste de la population à devenir plus pauvre : un système économique dont l’obsession est le profit, à court terme, à n’importe quel prix. Nous avons une occasion historique de le renverser. En unissant nos forces" lance-t-il dans une tribune publiée dans Libération.
Concepcion Alvarez, @conce1