Publié le 14 novembre 2023

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Le Tuvalu, menacé de disparaître sous les eaux, obtient l'asile climatique

L'Australie accorde officiellement l'asile climatique au Tuvalu, archipel du Pacifique menacé de disparaître sous les eaux avant la fin du siècle. Cette première mondiale est un soulagement pour les habitants. Mais l'accord n'efface pas la responsabilité de l'Australie, grand producteur d'énergies fossiles, dans la crise climatique.

Tuvalu TORSTEN BLACKWOOD AFP
Ce petit ensemble d'îles du Pacifique, grignoté par la montée des eaux, a déjà vu deux de ses neuf récifs coralliens se faire engloutir.
@Torsten Blackwood / AFP

C'est le premier accord officiel d'asile climatique. L'Australie a annoncé, vendredi 10 novembre, offrir progressivement l'asile climatique aux 11 000 citoyens de Tuvalu. Ce petit ensemble d'îles du Pacifique, grignoté par la montée des eaux, a déjà vu deux de ses neuf récifs coralliens se faire engloutir. Ce n'est qu'une question de temps, moins d'un siècle, avant que l'intégralité de son territoire ne devienne inhabitable, indiquent des experts à l'AFP. Le pacte doit permettre aux citoyens de l'archipel de se réfugier en Australie pour "y vivre, y étudier et y travailler".

Les Tuvalais réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, à des aides financières et familiales, précise le traité. Afin d'éviter toute "fuite des cerveaux" dommageable, le nombre d'entrées sera limité dans un premier temps à 280 personnes par an. Le Premier ministre du Tuvalu Kausea Natano a salué une "lueur d'espoir" pour sa nation, l'une des plus menacées par les effets du changement climatique. Le ministre des affaires étrangères s'était adressé à la COP26 les pieds dans l'eau.

Une première mondiale

Le texte, qui doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur, est une première mondiale. "C'est le premier accord qui s'attaque spécifiquement à la mobilité climatique", affirme à l'AFP Jane McAdam, professeure à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud et experte en droit des réfugiés. "La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ont des liens ancestraux très forts avec leur terre et la mer, mais cela leur offre une sécurité". 

Un milliard d'habitants sont menacés par la montée des eaux selon le dernier rapport du GIEC. En particulier, de nombreux pays insulaires tels que les Maldives dans l'océan Indien, l'archipel de Kiribati en Polynésie ou encore le Vanuatu, très actif dans la bataille climatique, pourraient être rayés de la carte. "Je pense qu'il va y avoir une série d'accords bilatéraux entre les pays les plus menacés et les pays qui pourraient leur fournir une terre d'accueil, comme c'est le cas aujourd'hui entre l'Australie et Tuvalu", explique le politologue François Gemenne spécialiste des migrations. Par ailleurs, ces pactes ont une dimension stratégique. Pour Canberra, c'est une manière de renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine.

La responsabilité de l'Australie pointée du doigt

Toutefois, aucun accord international pour un statut de réfugié climatique n'est en vue alors même que les déplacés climatiques n'ont jamais été aussi nombreux"Les pays du Sud veulent surtout des fonds pour l'adaptation et pour les pertes et dommages, qui comprennent évidemment les coûts liés aux migrations et aux déplacements", explique François Gemenne.

La responsabilité dans la crise climatique de l'Australie, grande productrice d'énergies fossiles dont le  charbon, le gaz et le pétrole, est également pointée du doigt. "Je crois que l'Australie doit de toute urgence honorer ses engagements par des actions concrètes et tangibles sur l'atténuation du changement climatique, l'adaptation et les pertes et dommages", a déclaré l'ancien Premier ministre de Tuvalu, Enele Sopoaga, cité par le Sydney Morning Herald.

L'Australie s'est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d'euros) pour consolider les côtes de Tuvalu qui s'érodent et récupérer les terres submergées. Le pays s'est également engagé à réduire de 43% ses émissions de CO2 internes d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Cependant, le gouvernement n'a pas pris d'engagement pour interdire tout nouveau projet d'énergie fossile.

Fanny Breuneval avec AFP


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