Publié le 31 mars 2021
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La pandémie retarde d’une génération les progrès pour atteindre l’égalité femmes-hommes
L’égalité femmes hommes avançait déjà à pas de fourmis, désormais, elle recule. Selon une nouvelle étude publiée le 31 mars par le Forum économique mondial, le Covid-19 a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour y parvenir. Il faudra désormais au total, au rythme actuel, 135,6 ans pour réduire l’écart entre femmes et hommes dans le monde tant sur le plan économique que politique, de santé ou encore d’éducation.

@FeodoraChiosea
Il faudra 36 ans de plus pour combler les écarts entre les femmes et les hommes. C'est la conclusion de la quinzième édition de l'étude annuelle du Forum économique mondiale portant sur les inégalités de genre dans le monde. "La pandémie a eu un impact fondamental sur l'égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu'à la maison, faisant reculer des années de progrès", a mis en lumière Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du Forum économique mondial, citée dans le communiqué accompagnant l'étude.
Ainsi l’Organisation internationale du travail estime par exemple que 5 % des employées ont perdu leur emploi contre 3,9 % des employés hommes. Cela s’explique notamment en raison de la surreprésentation des femmes dans des secteurs liés à la consommation qui ont été les plus directement affectés par les mesures de confinement. "Les données montrent en outre un déclin marqué de l’embauche des femmes à des postes de direction, créant une régression d’un à deux ans de progrès dans plusieurs secteurs", note le Forum économique mondial.
Télétravail, tâches domestiques... la double charge des femmes
La crise sanitaire a également accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur "incombent de manière disproportionnée". En Allemagne, après le premier confinement, des mères de famille ont décidé de calculer le coût de leur travail domestique et d’envoyer la facture à leur région. Entre la fermeture des écoles, des cantines, des lieux de sport… la blogueuse Patricia Cammarata a affiché un montant de 22 296 euros pour son travail fourni de la mi-mars à la mi-mai 2020. A cela s'ajoute le télétravail. Vu comme une opportunité avant la crise, il a particulièrement pesé sur les femmes.
Selon une récente étude du Boston Consulting Group, les télétravailleuses sont interrompues 1,5 fois plus que les hommes et ne bénéficient pas autant qu’eux d’un espace de travail isolé. Ainsi, 34 % des femmes en télétravail s’estiment sur le point de craquer ou de faire un burn-out. C’est 21 points de plus que les hommes. Jessica Apotheker, autrice principale de l’étude craint que ce phénomène entraîne la perte de la prochaine génération de dirigeantes, celle représentée par les femmes de 25 à 40 ans en décrochage.
L'impact de la pandémie sur les femmes pourrait être pire encore
Le fossé s'est surtout creusé au niveau politique. Si l’étude fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, les femmes n'occupent toutefois que 26,1 % des sièges parlementaires et 22,6 % des postes ministériels au niveau mondial. En poursuivant sa trajectoire actuelle, l'écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019. D’autant que la publication de l'étude a été retardée par la crise sanitaire, les auteurs de l'étude notant que données récoltées pour 2021 ne reflètent pas encore entièrement l'impact de la pandémie sur les femmes.
Ainsi, de manière générale, en matière d’éducation, d’émancipation politique, de travail -le revenu des femmes représente toujours 71 % de celui des hommes dans l’Hexagone - , la France se place en seizième position des pays concernant l’égalité femmes hommes. Pour la douzième année consécutive, l'Islande s'est maintenue en haut de classement, restant le pays le plus égalitaire au monde, suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP