Publié le 27 mai 2020
SOCIAL
Confinement : quand les femmes présentent la facture du travail domestique
Pas d'école, pas de nourrice, pas de cantine... Face au confinement, les parents, et essentiellement les mères de famille, ont dû remplacer au pied lever les enseignants et cantiniers. Or ce travail, habituellement pris en charge par l'État et les collectivités à un coût. Plusieurs mères de famille allemandes ont envoyé la facture à leur région et le montant se chiffre en dizaine de milliers d'euros. L'occasion de mettre un coup de projecteur sur le travail domestique qui, s'il était compté, représenterait 33 % du PIB en France.

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C’est une facture qui a créé une vive polémique en Allemagne. Face à la fermeture des écoles, des crèches, des cantines… des mères de famille allemandes ont décidé de calculer le coût de leur travail domestique et d’envoyer la facture à leur région. Pour la blogueuse Patricia Cammarata la facture s’élève ainsi à 22 296 euros concernant le travail fourni entre le 17 mars et le 15 mai. Pour sa consœur Andrea Reif, mère de trois enfants à Munich, le montant est de 12 432 euros. Afin de mettre en lumière ce travail invisible, elles ont créé le mot-clé #CoronaElternRechnenAb traduit par "les parents règlent les comptes du corona".
"Depuis plus de six semaines, je fais l’école à la maison -si on peut appeler ça comme ça- à mes enfants. Cela représente 240 heures de travail", explique la blogueuse Andrea Reif. "Le problème avec ce nouvel emploi supplémentaire qui m’a été envoyé sans qu’on me le demande, c’est qu’il réduit le temps que je consacre à mon entreprise et à mes employés, entraînant ainsi des pertes financières considérables", ajoute-t-elle. "Je suis une mère et je suis une force économique et je veux être vue", explique-t-elle.
Le travail domestique représente 33 % du PIB
Au-delà du confinement lié au Coronavirus et au surplus de travail qu’il impose aux parents, c’est la valorisation du travail domestique en temps "normal" que ces Allemandes tentent de mettre à l’ordre du jour. Quitte à l’intégrer au produit intérieur brut car la valeur de ce travail domestique est loin d’être négligeable. En 2011, l’Insee avait estimé qu’il représentait 33 % du PIB français. Cuisine, ménage, courses, soin aux enfants... L’Institut évaluait ainsi à 636 milliards le montant de ces travaux domestiques réalisés à 64 % par des femmes.
"Les femmes travaillent 54 heures par semaine, les hommes 51 heures par semaine", explique dans le podcast Les Couilles sur la Table la professeure de sociologie Céline Bessière autrice de Le Genre du Capital. "Sauf que deux tiers du travail des femmes n’est pas rémunéré, il correspond à ce fameux travail domestique alors que pour les hommes il représente un tiers du travail non rémunéré", souligne-t-elle.
Marina Fabre, @fabre_marina