Publié le 30 novembre 2021
SOCIAL
Poulehouse, la marque d’œufs qui sauve les poules de l’abattoir, est en péril
L'aventure de Poulehouse pourrait bientôt se terminer. La startup, à la pointe du bien-être animal, est en redressement judiciaire après avoir perdu un partenariat de taille. La démarche inédite de l'entreprise, consistant à produire des œufs bio sans envoyer les poules pondeuses à l'abattoir à leurs 18 mois, plaît pourtant aux consommateurs avec 10 millions d'œufs vendus en quatre ans. "Ce n'est pas la fin", espère le président de la startup pour qui Poulehouse renaîtra de ses cendres.

PASCAL LACHENAUD / AFP
Poulehouse qui produit des "œufs qui ne tuent pas la poule" est en danger. La startup qui propose à la vente des œufs de poules qui n’iront pas à l’abattoir se trouve dans une situation de crise qui pourrait conduire à sa perte. Le groupe O.N.E, exploitant de la marque Cocorette, et partenaire historique de Poulehouse, a décidé de mettre fin à ses prestations. Poulehouse dénonce une "décision brutale unilatérale et illégale", quand O.N.E défend s’être "toujours comporté comme un promoteur du projet", explique le groupe dans le média Réussir. Face à cette situation, Poulehouse a été placée en redressement judiciaire.
C’est un symbole fort. La marque est, pour beaucoup de consommateurs, à l’avant-garde de la filière œuf quant au bien-être animal et à l’éthique. Aujourd’hui, la grande majorité des poules pondeuses sont tuées à l’âge de 18 mois en raison d’une baisse de leur productivité alors qu’elles ont une espérance de vie de six ans. En 2017 Sébastien Neusch et son associé Fabien Sauleman décident de créer une marque d’œufs bio qui n’implique pas de souffrance animale. Le concept est simple : à partir de trois ans, les poules sont envoyées "dans une maison de retraite pour poules vieillissantes".
À l’avant-garde de la filière œuf
Une démarche qui coûte cher : le prix d’un œuf est deux fois plus élevé qu’un œuf bio classique, soit un euro l’unité. Un tarif permettant de financer la fin de vie des poules. Depuis, Poulehouse s’est aussi illustré dans le sexage des poussins. Alors que 50 millions de poussins mâles sont broyés vivants à la naissance car trop peu rentables, la marque applique une technique, in vivo, qui permet de détecter le sexe de l’embryon dans l’œuf et de ne couver ainsi que les œufs femelles. De même, la marque bannit l’épointage des poussins qui consiste à leur couper la pointe du bec - une pratique douloureuse - et s’engage à une rémunération juste des producteurs.
Des pratiques qui plaisent aux consommateurs et qui attirent les enseignes historiques de la bio et la grande distribution. Monoprix, Biocoop, Carrefour… la marque s’est trouvé une petite place dans les rayons. En quatre ans, elle a vendu plus de 10 millions d’œufs. "Ce n’est pas la fin", rassure Fabien Sauleman, "Le projet va renaître de ses cendres. On va passer des poules aux vautours pour finir en phénix", croit-il. La startup a rendez-vous avec le tribunal le 30 novembre prochain, une première étape avant qu’elle ne soit fixée sur son sort.
"Il y a un projet de reprise de la société par une partie des salariés. On a bon espoir d’y arriver et que l’aventure continue. Le modèle fonctionne, on était à quelques mois d’être rentable, on a été coupé dans notre dynamique", explique le président de Poulehouse. "Il y a besoin d’argent frais pour solidifier l’ensemble", ajoute-t-il alors que Poulehouse allait lever 1,2 million d’euros. En attendant, la startup a lancé une campagne d’adoption de 10 000 à 20 000 poules en Bretagne et dans le Morbihan. Des poules à sauver de l’abattoir après le redressement judiciaire de l’entreprise.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina