Publié le 16 avril 2018

SOCIAL

Biocoop, Léa Nature... Les acteurs historiques de la bio menacés par l'arrivée de la grande distribution sur leur marché

Les enseignes historiques de la bio comme Biocoop craignent l'arrivée en masse de Carrefour, Leclerc, Auchan ou System U sur leur marché. Pour se démarquer, elles vont mettre en avant leur valeur ajoutée, soit une bio de cohérence basée sur une agriculture paysanne, de proximité et durable. Et dénoncent une "industrialisation" de la bio par la grande distribution.

Avec un chiffre d'affaires de 1,23 milliard dans le secteur, Carrefour est le premier distributeur de produits bio de France, devant Biocoop.
Pixabay

Ils arrivent. Les mastodontes de la grande distribution, forts de leur chiffre d’affaires important et leur réseau de grandes surfaces, s’emparent du bio. Un virage qu’ils ont entamé il y a quelques années, mais qui est aujourd’hui à un tournant crucial. Auchan a ouvert son premier magasin bio en novembre. Carrefour va créer, dans les cinq prochaines années, 2000 magasins de proximité axés sur le bio. De son côté, Leclerc lance une centaine d’enseignes spécialisées dans le bio sous la marque "Le village bio". Sans compter les géants de l’agro-alimentaire. Danone, sous l’impulsion de son PDG, Emmanuel Faber, compte ainsi passer de 4 à 15 % de bio d’ici 2022 en France.

Une arrivée massive qui fait frémir les enseignes historiques de la bio. "On craint bien sûr une baisse de nos ventes, c’est une évidence, le marché va se partager", avoue Claude Gruffat, président de Biocoop. La coopérative a pourtant les reins solides. En progression constante, elle affiche un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros. Mais c’est Carrefour qui détient la place du premier distributeur bio en France avec 1,23 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Aujourd’hui, la marque vend un produit bio sur deux.

"Les valeurs de la bio sont altérées par la grande distribution"

"Notre rôle est de maintenir une agriculture bio paysanne et de proximité basée sur le commerce équitable. Nous défendons une bio de cohérence, c’est notre valeur ajoutée", explique Claude Gruffat. L'enseigne spécialisée, pourtant réticente à une communication "agressive" réfléchit à lancer une campagne pour mieux se démarquer des Carrefour, Leclerc, Auchan, Super U et cie. "Le risque avec la grande distribution est de voir se développer une agriculture bio industrialisée et productiviste", prévient le président.

Même discours du côté du fabricant Léa Nature dont le fondateur, Charles Kloboukoff, a créé des marques comme Jardins bio, Vitamont ou Mamie Bio.  "Les valeurs de la bio sont altérées par la grande distribution", estime une porte-parole. "Mais on ne joue pas à armes égales. Les multinationales et groupes agro-alimentaires raflent tout le marché, elles ont une grosse force de frappe".

Un label AB plus exigent pour se démarquer

D’où l’idée, émise par plusieurs acteurs historiques de la bio de refonder le label français AB. Aujourd’hui calqué sur le label européen, il est considéré comme peu exigeant par les spécialistes. "On veut un label qui ne soit pas seulement un anti-pesticide. On souhaite qu'il prenne en compte les externalités positives sur l’environnement, la santé, le social", ajoute Léa Nature.

Un tel label existe déjà, il s’appelle Biocohérence et est porté par Biocoop. Mais il a dû mal à émerger. "S’il ne décolle pas, oui, il faudra remettre sur la table le label AB", juge Claude Gruffat. Reste à savoir si cela suffira à converser les adeptes du bio dans le giron des acteurs historiques.

Marina Fabre @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Consommation

Produits verts, bio, issus du commerce équitable ou made in France….les marques multiplient les produits vendus comme écologiques, durables et responsables et les consommateurs prennent conscience de l’impact de leur choix sur l’environnement. Ces nouvelles pratiques de consommation doivent reposer sur des labels crédibles.

Metavers Decentraland biennale architecture vision du futur

Krach immobilier dans le métaverse : le début de la fin ?

Après une ascension fulgurante, l'immobilier dans le métaverse a plongé. Les maisons et appartements virtuels achetés des millions ne valent presque plus rien. Malgré tout, le rêve d'un métavers où le réel et le virtuel fusionnent reste tenace. Les technologies de réalité virtuelle se perfectionnent...

Becca mchaffie reemploi

H&M, Nike, Primark... Où finissent vraiment nos vêtements donnés aux grandes enseignes ?

Des bons d'achat en échange de dons de vêtements. Qui ne s'est pas laissé séduire ? La formule, de plus en plus utilisée par les grandes enseignes, a de quoi déculpabiliser. Pourtant, derrière la promesse d'une revente de seconde main ou de don à des associations, beaucoup de ces vêtements finissent...

Souscontraintes 03

"Se limiter à 3 vêtements neufs par an peut bouleverser les normes" : Sous contraintes, le podcast de la transition socio-écologique 8/10

Et si nous faisions le vide dans nos placards ? Une étude britannique avait estimé que pour respecter l'objectif 1,5°C, il fallait se contenter de trois vêtements neufs par an. Un défi plus complexe qu’il n’y paraît, qui peut bouleverser les normes établies et les habitudes de consommation. Ce...

Pollution numerique smartphone

RSE : Orange fait appel à ses parties prenantes pour réduire ses émissions indirectes

L’opérateur de téléphonie a demandé à ses clients quelles pistes il fallait envisager pour réduire l’empreinte du numérique. Le reconditionnement et le recyclage des appareils remportent tous les suffrages et Orange prévoit de renforcer son offre. Mais les utilisateurs se questionnent aussi sur la...