Publié le 08 juillet 2020

SOCIAL

[Effet post-Covid] Les Français reviennent vers une alimentation bio et locale

Le confinement provoqué par le Covid-19 a eu l'effet d'un déclic pour nombre de citoyens qui se sont tournés vers une alimentation bio, voire locale. Les circuits courts ont profité de cette aubaine tout comme la grande distribution, qui, pendant le confinement, a fait la part belle aux fruits et légumes français. Toute la semaine, Novethic revient sur les effets secondaires positifs que la crise sans précédent du Covid-19 a entraînés.

Consommation bio locale de saison effet covid
Face à la fermeture des marchés pendant le confinement, les petits producteurs ont dû s'organiser.
CC0

C’était une tendance de fond avant le Covid-19 et la crise sanitaire a considérablement accéléré le mouvement. Les experts ont en effet constaté une envolée des ventes dans le bio pendant le confinement. À la mi-mars, l’institut Nielsen notait une progression de 63 % sur le bio alors que le conventionnel croissait de 14 à 20 points maximum. Les ventes de farine ont explosé de 204 %, celle des pâtes de 70 %. Les familles ont beaucoup porté cette tendance. "Celles-ci, en temps normal, consomment plus de produits bio que le reste de la population. Aussi, en temps de confinement, sans cantine scolaire, elles cuisinent davantage à domicile et boostent les ventes", analyse pour Novethic Antoine Lecoq, consultant analytique chez Nielsen.

Surtout, à plus long terme, la crise du Covid-19 a créé un vrai déclic tourné vers les circuits courts. "Les circuits courts ont connu un formidable succès, en maraîchage par exemple avec un panier moyen en hausse de 25 %-30 %", explique Guillaume Riou, président de la Fédération nationale de l’agriculture bio (FNAB) dans Réussir. "Ces circuits rassurent dans la relation humaine, par rapport à la grande surface où on ne sait pas si les produits ont été tripotés et donc contaminés. Ils se sont aussi organisés pour mettre en place des solutions de vente à distance et de drive", ajoute-t-il.

L'appel à la souveraineté alimentaire

Et de fait lorsque, le 23 mars, à l’annonce de la fermeture des marchés en plein, les petits producteurs ont dû vite s’organiser. La FNAB et la Confédération paysanne ont ainsi répertorié les plateformes dédiées aux circuits courts pour permettre aux consommateurs d’acheter directement à la ferme. Plusieurs villes, comme Saint-Maur-des-Fossés dans le Val de Marne, ont créé des sites internet permettant de commander les paniers des commerçants des marchés fermés. Les producteurs eux-mêmes se sont lancés dans le commerce en ligne, voire le drive, changeant considérablement leurs habitudes de distribution.

Si les circuits courts ont été plébiscités pendant la crise, les consommateurs se sont également tournés vers les géants de la distribution. Et cette tendance pourrait, là-aussi, se prolonger si, en raison de la crise économique, le pouvoir d’achat des Français baisse. Ces enseignes sont capables de baisser les prix, parfois au détriment des producteurs, ce que les circuits courts ou les spécialistes historiques de la filière comme Biocoop ou La Vie Claire refusent de faire.

Reste que, bio ou pas, les distributeurs se sont engagés pendant le confinement à n’acheter que des fruits et légumes français. Un effort de "solidarité nationale" appelé par l’ancien ministre de l’Agriculture Didier Guillaume qui rejoint la volonté de souveraineté alimentaire portée par le Président de la République. "Déléguer notre alimentation est une folie", avait dénoncé Emmanuel Macron lors de son allocution présidentielle du 12 mars alors qu’aujourd’hui près d’un fruit et légume sur deux consommé dans l’Hexagone est importé. Reste à savoir si le nouveau ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, portera ce message.

Marina Fabre, @fabre_marina


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