Publié le 22 février 2018
[Mis à jour le 22 février 2018] Intermarché a bien revendu à perte du Nutella lors de sa remise exceptionnelle de 70 % le 25 janvier. Une pratique illégale qui avait créé une vraie foire d'empoigne. La répression des fraudes va transmettre ce jeudi 22 février, le dossier à la justice.

Le 25 janvier, Intermarché avait annoncé une promotion exceptionnelle de 70 % sur du Nutella. Le pot de pâte à tartiner était passé de 4,70 à 1,41 euro. Des vidéos, tournées par des amateurs, dévoilaient des empoignades entre les consommateurs. À tel point qu’il avait fallu faire intervenir la police.
Infraction pénale
Quatre jour plus tard, la Répression des fraudes (DGCCRD) annonçait ouvrir une enquête sur cette promotion. La question était de savoir à quel prix Intermarché avait acheté le Nutella à Ferrero, le fabricant. En France, la revente à perte étant interdite. Or, selon RTL, la Répression des fraudes a estimé, jeudi 22 février, qu’Intermarché avait bien effectué de la revente à perte. 
"Nos agents ont conclu au fait qu’Intermarché n’a pas respecté les dispositions en vigueur concernant la revente à perte, ce qui relève d’une infraction pénale", a déclaré à l’AFP une porte-parole de la répression des fraudes. Le dossier va donc être transmis à la justice. 
Bruno Lemaire rappelle à l’ordre Intermarché 
Montré du doigt pour son irresponsabilité, le groupe, par la voix de son président, Thierry Cotillard, avait avoué dans le JDD du 4 février, ne pas avoir imaginé une "telle effervescence". Mais il considérait aussi ne pas être "responsable de ce qui est un symptôme" du manque de pouvoir d’achat des Français. 
Une promotion qui n’avait pas plu à Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, qui invitait Intermarché à "ne pas renouveler" ce genre de promotions. Et pour cause, comme tous les distributeurs, Intermarché a signé, mi-novembre, une charte de bonne conduite qui l’engage à fixer le prix de vente à partir du coût de production des agriculteurs mais aussi à respecter la future loi issue des États généraux de l’alimentation.
Cette dernière, présentée le 31 janvier en conseil des ministres, entend encadrer les promotions commerciales dans les grandes surfaces. Les promotions ne pourront excéder 34 % du prix de base et 25 % du volume annuel vendu. Le but étant de limiter la guerre des prix qui fait peser une pression sur les producteurs.
L’opération avait été calée avant la signature de la charte 
"Nous avions calé cette opération en octobre", se défendait le président d’Intermarché, soit avant la signature de cette charte. Après avoir été reçu par Bruno Lemaire, Thierry Cotillard s’est engagé à ne plus réaliser de promotions à -70 % sur l’alimentation. Mais il ne s’est pas engagé sur les autres produits. "Concernant les produits non agricoles ou fortement transformés par les multinationales agroalimentaires, nous continuons à recevoir de leur part des propositions de campagnes de réduction de prix entre 30 et 50 %. Les consommateurs le souhaitent", estime-t-il.
Ferrero lui, s’est désolidarisé d’Intermarché. Pourtant, le président du distributeur a affirmé au JDD que "cette opération n’a pas été réalisée sans partenariat avec le groupe Ferrero, qui nous avait signé un mandat. En revanche, Intermarché a fixé le prix de vente".
Marina Fabre @fabre_marina

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