Publié le 09 juin 2022

SOCIAL

France, Islande, Royaume-Uni : La semaine de quatre jours, une tendance qui perce partout dans le monde

Après l’Espagne, l’Islande ou la Nouvelle-Zélande, la très libérale Grande-Bretagne expérimente la semaine de quatre jours. En ce mois de juin, 3000 employés, issus de 60 entreprises britanniques vont travailler sur quatre jours, sans perte de salaire. Au Japon aussi, l’idée fait son chemin, tout comme en France avec plus de 400 entreprises qui ont déjà spontanément franchi ce pas. Les atouts de cette nouvelle organisation sont nombreux, à condition toutefois de bien préparer la transformation, prévient Dominique Méda, sociologue du travail.

Travail semaine quatre jours krakenimages on Unsplash
La Grande-Bretagne débute la plus vaste étude sur la semaine de quatre jours.
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Depuis la pandémie, les codes au travail ne cessent d’être bousculés. Après l'extension du télétravail, la semaine de quatre jours pour les salariés sans perte de salaire apparaît comme une nouvelle conquête sociale. Pour en mesurer les effets, la Grande-Bretagne débute en ce mois de juin une vaste étude, la plus importante jamais menée indique le journal The Guardian, sur six mois. 

Ainsi, 3000 employés issus de 60 entreprises de secteurs différents, de la restauration, de l'industrie pharmaceutique ou du conseil, ne se rendront que quatre jours par semaine au bureau, sans baisser leur salaire. L’expérience est menée par des universitaires de Cambridge, Oxford et du Boston College (États-Unis), en partenariat avec 4 Day Week Global, 4 Day Week UK Campagne et le think tank Autonomy. Ils étudieront les conséquences de cette nouvelle organisation sur l'économie, les salariés et les entreprises. Ce test est mené en Grande-Bretagne alors que les employeurs connaissent des difficultés à recruter.

Une solution pour attirer les talents

Autre surprise, au Japon aussi les entreprises se tournent de plus en plus vers cette nouvelle organisation du travail. "Une situation autrefois impensable dans un pays dont la prospérité d'après-guerre reposait sur une main-d'œuvre prête à sacrifier la vie familiale pour le bien de l'entreprise", écrit ainsi le quotidien Asahi Shimbun. Le géant de l'électronique Hitachi met ainsi en place la semaine de quatre jours pour 15 000 de ses employés, tout comme d’autres grandes entreprises nippones, à l'image de Fast Retailing, maison-mère de la marque de vêtements Uniqlo, Mizuho Financial Group ou encore Panasonic. Ce mouvement est encouragé par une réforme économique et fiscale du gouvernement et une difficulté à recruter. La réussite des expérimentations menées ailleurs jouent aussi, comme en Islande où 1 % de la population a testé avec succès la semaine de travail raccourcie. 

En France aussi l’idée séduit. Ainsi, 64 % des salariés français aimeraient pouvoir condenser leur semaine sur quatre jours, d’après une étude publiée en mai par le cabinet ADP, un chiffre en hausse de quatre points par rapport à 2019. Pour les salariés, les atouts de cette organisation sont nombreux. "Une majorité de salariés a considéré que la réduction du temps de travail a amélioré leurs conditions de vie à la fois au travail et en dehors du travail", note Dominique Méda, sociologue qui a mené une enquête avec la Dares après le passage aux 35 heures.

Hausse de la productivité des salariés

Sur le plan écologique, le bilan des initiatives est aussi positif puisque cela économise un trajet domicile - travail. "Mais cela suppose évidemment qu’il n’y ait pas d’effet rebond, c’est-à-dire que, sur cette journée, les personnes ne se déplacent pas plus", précise Dominique Méda, directrice de l'Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (Irisso).

Côté entreprises, les tests sont également concluants. Les plus de 400 entreprises françaises qui ont sauté le pas constatent une hausse de la productivité des salariés, à l’image de Laurent de la Clergerie, président de LDLC, qui a fait passer tous ses salariés à la semaine de quatre jours, sans perte de salaire. Le patron encourage ses pairs à le suivre sur cette voie qui combine bien-être au travail et meilleure productivité. "Les résultats de l’entreprise sont en hausse", résume-t-il. Autre atout non négligeable : l’organisation du travail sur quatre jours attire les talents. " Je croule sous les CV", affirme le dirigeant de l’entreprise qui vend du matériel informatique.

Les partisans d’une diminution du temps de travail estiment par ailleurs que cette organisation est un moyen de partager l’activité. "Notre obsession doit être de savoir répartir en permanence le volume de travail existant à un moment donné sur l’ensemble de la population active", avance Dominique Méda. "Pour que les quatre jours soient une solution intéressante, de nombreuses conditions doivent être réunies", nuance toutefois la directrice de recherche.

Mathilde Golla @Mathgolla


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