Publié le 23 septembre 2023
SOCIAL
Le lancement de l'iPhone 15 perturbé par la grève des salariés : "Nous demandons un meilleur partage des richesses"
Le ton monte dans les Apple Store. Alors que des clients se pressent pour acheter le nouvel iPhone 15, des dizaines de salariés font le piquet de grève devant les magasins pour demander une revalorisation de salaire. Inflation grimpante, dégradation des conditions de travail, sommes records perçues par le PDG Tim Cook... les griefs sont nombreux.

@Fanny Breuneval
La pluie battante n'a pas découragé les fans. Pour la sortie de l'iPhone 15 ce vendredi 22 septembre, une foule se presse devant l'immense Apple Store de l'opéra Garnier à Paris. Mais ici, le logo qui domine n'est pas la pomme blanche sur fond noir. Une trentaine de salariés agitent les drapeaux orange et rouges de syndicats CGT et CFDT. L'intersyndicale d'Apple Retail France (CGT, Unsa, CFDT et Cidre-CFTC) a lancé un appel à la grève pour deux jours dans toute la France.
La grève ne bloque pas l'Apple store mais vise à interpeller l'entreprise. "Cela ne peut plus durer, nous demandons une augmentation des salaires !", lance le porte-parole de la CGT au mégaphone. L'intersyndicale souhaite une hausse de 7% de tous les salaires alors qu'Apple accepte de ne monter qu'à 4,5%, et ce, avec des variations selon une notation interne. Face à l'inflation qui a grimpé à 5,2% en 2022 et s'est poursuivie à 4,9% en 2023, les salariés estiment leur demande légitime.
"Il y a une dégradation du dialogue social"
En arrière-plan, d'autres facteurs sont évoqués. "Les Apple Store embauchent moins qu'avant, nous redoutons de n'être pas assez nombreux pour le boom entre novembre et décembre", explique à Novethic Maxime Leba, salarié de la société depuis 13 ans et délégué syndical CGT. Le sous-effectif constaté dans de nombreux Apple Store, selon les syndicats, amène à des journées éreintantes. "Même si l'enseigne a été exemplaire pendant la pandémie de Covid-19, depuis deux ans, il y a une dégradation du dialogue social", affirme Tarek, le délégué syndical d'Apple Retail France.
Les postes de "vendeurs spécialistes" ainsi que les "techniciens spécialistes" tiennent le piquet de grève. Ils regrettent un turnover de plus en plus importants. "Nous sommes moins bien formés et nos compétences sont moins reconnues depuis quelques années, témoigne Maxime Lebas. Quand j'ai démarré, la formation durait deux semaines. Aujourd'hui, si on a de la chance, c'est deux ou trois jours." Contacté par Novethic, Apple n'a pas souhaité communiquer sur le sujet pour le moment.
Un iPhone vaut plus qu'un salaire
La frustration des salariés est aussi accentuée par les sommes colossales perçues par le dirigeant Tim Cook. Celui-ci devrait gagner 49 millions de dollars en 2023, soit trois fois plus qu'en 2020. Pourtant, le patron a déjà baissé de 40% sa rémunération par rapport à 2022 face au mécontentement des actionnaires. "Nous voulons un meilleur partage des richesses, nous n'avons pas de prime d'intéressement, par exemple", explique Maxime Leba qui pointe le prix d'un iPhone -minimum 969 euros.
Les grévistes espèrent, par cette action, faire pression en jouant sur l'image d'excellence que l'enseigne entretient. Pour l'annonce des résultats troisième trimestre 2023, Apple soulignait vouloir "laisser le monde dans un meilleur état que celui dans lequel nous l'avons trouvé". Sur la page de recrutement de son site internet, Apple affirme soutenir "des opportunités de recrutement inclusif", "l'égalité des salaires", et considérer "tout ce que nous créons en termes d'impact, sur notre clientèle, nos collègues, et notre planète".