Publié le 25 avril 2022
POLITIQUE
Quel président pour quelle France ? Les choix d’Emmanuel Macron restent flous
Emmanuel Macron a été réélu Président avec plus de 58 % des voix contre Marine Le Pen qui en a obtenu près de 41 %, soit huit points de plus qu’en 2017. La tonalité était au soulagement de ne pas voir l’extrême-droite accéder au pouvoir mais tous les commentateurs évoquaient les fractures, les désespérances et les divisions d’un pays qui a traversé la crise du Covid-19 et sait qu’il doit faire face à bien d’autres crises comme le changement climatique ou la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron a dit avoir entendu les colères et s’est engagé à faire de la France une "grande nation écologique".

Ludovic MARIN / AFP
Le couple présidentiel est arrivé sur le Champ de Mars à Paris, entouré d’enfants et sur fond d’hymne à la joie (celui de l’Europe), pour célébrer le second mandat d’Emmanuel Macron. Le discours du Président réélu a été court. Il a reconnu que "nombre de nos compatriotes ont voté pour faire barrage" et que ce vote "l’obligeait et imposait de répondre aux colères qui se sont exprimées". Sans donner aucun détail, il a enfin affirmé qu’il avait désormais le soutien des Français pour un "projet républicain, social et écologique de libération des forces culturelles et entrepreneuriales".
Les contours de ce projet se préciseront sans doute après les législatives de juin, une fois le rapport de force connu. Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon se sont lancés activement dans la bataille dès dimanche soir, forts des scores obtenus dans les territoires où ils sont arrivés en tête, plutôt ruraux pour Marine Le Pen, plutôt urbains pour Jean-Luc Mélenchon. Le message de l’une est souverainisme contre mondialisme, le message de l’autre un projet écologique et social porté par une Sixième République.
En attente d'un programme précis et détaillé
Cinq ans après la première élection d’Emmanuel Macron, la France a changé profondément, tout comme l’Europe et le monde qui l’entoure mais le projet que va piloter le président réélu reste sujet à de nombreux points d’interrogations. Emmanuel Macron est entré tardivement en campagne et du programme qu’il a proposé lors d’une conférence de presse de plus de quatre heures n’est sorti pour l’essentiel que le projet de réforme des retraites à 65 ans et la conditionnalité d’octroi du RSA, deux mesures qui ont attiré un électorat plutôt âgé et plutôt de droite. Face au résultat du vote du premier tour et surtout au score de Jean-Luc Mélenchon quasi équivalent à celui de Marine Le Pen, Emmanuel Macron a donné un grand coup de vert à son discours dressant à Marseille un projet permettant à la France de "devenir une grande nation écologique".
Mais, dès le débat de second tour, cette priorité était redevenue accessoire. Dans les 18 minutes consacrées au climat, il n’a été question que d’énergie faisant des éoliennes le seul vrai point de divergence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Face aux condamnations juridiques du gouvernement pour inaction climatique, le prochain gouvernement va pourtant devoir proposer un programme précis et détaillé. Quelque chose a malgré tout changé sur les plateaux télévisés.
Lors de la soirée électorale de France 2, Jean-Marc Jancovici, cofondateur de Carbone 4 et président du Shift Project, a été invité en plateau à commenter les résultats. Il n’a pas vraiment eu le temps de détailler l’urgence climatique mais il était quand même présent autour de la table. Il a pu rappeler que "le temps de l’abondance de l’énergie nourrissant des machines qui surproduisent était compté" et qu’il fallait très bientôt devoir être plus sobre. "Cela nécessite un vrai projet de transformation", a-t-il ajouté, dont était très loin cette campagne alors que cela devrait être le sujet politique majeur des Présidentielles comme des Législatives.
Anne-Catherine Husson Traore, @AC_HT, directrice générale de Novethic