Publié le 07 janvier 2019
POLITIQUE
Le gouvernement s’inquiète du coût des Gilets jaunes et va prendre de nouvelles mesures d’ordre public
L’acte VIII des Gilets jaunes a donné lieu à de nouveaux heurts le 5 janvier. Ce mouvement, qui dure depuis le 17 novembre 2018, affecte la croissance et a mis 58 000 personnes au chômage partiel. Si le gouvernement se dit prêt à entendre les revendications, il va en premier lieu annoncer, dès ce lundi 7 janvier, des mesures d’ordre public.

@ZakariaAbdelkafi-AFP
"La crise des "gilets jaunes" coûte cher à l'économie française", a déploré dimanche le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, en rappelant avoir prévu un impact notamment sur le dernier trimestre de 2018. "Ce sera sans doute 0,1 point" de croissance pour le dernier trimestre, a-t-il déclaré dans l'émission "Le Grand Rendez-vous", organisée par la radio Europe 1, la chaîne CNews et le quotidien Les Echos.
"Nous avons intérêt à ce que cela cesse le plus vite possible", a-t-il poursuivi. Tout "cela a un coût pour la croissance et l'attractivité de la France", a ajouté le ministre, qui a toutefois maintenu la prévision de croissance annuelle. Alors qu'en décembre, la Banque de France et l'Insee ont toutes deux abaissé leur prévision de croissance pour l'économie française à 1,5 % pour 2018, le gouvernement continue de tabler officiellement sur 1,7%.
Le patron de Bercy sait que la sortie de crise passera par l’écoute des revendications. "Si nous répondons non à chacune des demandes des Français, que nous ne sommes pas capables d'écouter la demande de justice qui s'exprime partout en France, nous ne réussirons pas le débat", a-t-il estimé.
32 millions d’euros pour le chômage partiel
Toutefois, il réitère son refus de revenir sur la suppression de l'impôt sur la fortune, l’une des revendications des Gilets jaunes. "La priorité à mes yeux n'est pas de rétablir un ISF qui n'a jamais réglé le problème du chômage, ni celui de la pauvreté en France, c'est de s'attaquer aux racines de la pauvreté, des inégalités et du chômage dans notre pays", a-t-il poursuivi.
De son côté, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a alerté sur les conséquences du mouvement pour l’emploi. Selon ses chiffres, "au 4 janvier, c'est 58 000 salariés qui sont (au chômage partiel) J'ai débloqué l'argent nécessaire il y a quelques semaines. Aujourd'hui on en est à 32 millions d'euros gagés", a-t-elle expliqué lors de l'émission BFM Politique.
"Dans 92% des cas, ce sont des PME dans le commerce, la construction, l'artisanat, un peu dans l'industrie aussi (…) Ce sont quatre millions d'heures de travail potentiel perdues", a-t-elle chiffré. "C'est aussi un des effets de la violence. Cela fragilise l'emploi et nos petits commerces, cela m'inquiète beaucoup", a-t-elle ajouté.
Se passer des syndicats
L’acte VIII des gilets jaunes qui s’est déroulé le samedi 5 janvier a donné lieu à de nombreuses violences, en particulier dans la capitale. Le ministère de l’intérieur a compté 50 000 manifestants dans toute la France et 345 interpellations. La vidéo où l’on voit l’ancien boxeur Christophe Dettinger frappant un CRS et celle de l'entrée en force de manifestants dans le ministère du Benjamin Griveaux, secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, pousse le gouvernement à montrer les muscles.
Aussi, ce lundi 7 janvier, Édouard Philippe sera l'invité du 20 heures de TF1 pour annoncer de nouvelles mesures "d'ordre public" après les nouveaux débordements violents lors de l'acte VIII des Gilets jaunes, a-t-on appris auprès de Matignon. "Face aux violences inacceptables qui se poursuivent sur le territoire, le gouvernement entend afficher une très grande fermeté et faire évoluer son dispositif d’ordre public", a indiqué Matignon à l'AFP.
Quant à Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui était l’invité, dimanche 6 janvier, de "Questions Politiques" (France Inter/Le Monde/France Télévisions), il dénonce les violences et "une forme de totalitarisme" dans le mouvement des Gilets jaunes. Et appelle le gouvernement au dialogue. Celui-ci "a voulu se passer des syndicats", assure-t-il, précisant qu'il n'a eu aucun contact avec Emmanuel Macron depuis le 10 décembre. "Le gouvernement considère qu'il va trouver les solutions tout seul. Ça ne marche pas", prévient-il.
Ludovic Dupin avec AFP