Publié le 15 octobre 2020
Déjà dans le rouge en raison du confinement lié au Covid-19 au premier semestre, l’économie française va de nouveau être mise sous pression. Emmanuel Macron annonce la mise en place d’un couvre-feu pour quatre à six semaines concernant environ 20 millions de Français. Les secteurs de la restauration, du spectacle, de l’hôtellerie vont être très durement touchés.

À partir de samedi 17 octobre, la France va retrouver un petit goût de confinement. Emmanuel Macron a annoncé, pour les quatre à six semaines à venir, l’établissement d’un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin en Ile-de-France et dans huit métropoles particulièrement touchées par l’épidémie (Grenoble, Lille, Rouen, Lyon, Aix-Marseille, Saint-Étienne, Toulouse, Montpellier et Rouen). Il s’agit de ralentir la progression de la deuxième vague de l’épidémie en limitant les interactions sociales. Une nécessité selon le Président, alors que 20 000 nouveaux cas sont dépistés chaque jour, et que 200 personnes sont admises en réanimation quotidiennement. Ce n’est pas "soutenable" pour le système de santé assure le chef de l’État.

Au final, c’est environ 20 millions de Français qui sont concernés par ce semi-confinement. Et cela affecte les plus grands centres économiques du pays. De quoi donner des sueurs froides alors que le PIB français avait déjà chuté de 13,8 % au second trimestre 2020. "L’objectif, c’est de pouvoir continuer à avoir une vie économique, que les écoles, les lycées, les universités soient ouvertes, que nos concitoyens puissent travailler tout à fait normalement et qu’il puisse y avoir une vie sociale mais en réduire les aspérités", assure Emmanuel Macron.
Chômage partiel et prêts garantis d’État

Cet arrêt de la vie nocturne va durement impacter les bars, les restaurateurs, les cinémas, les théâtres, les salles de sport… Aussi, le Président annonce des "dispositifs de soutien supplémentaires". "Dès vendredi, dans chacune de ces métropoles concernées, on va relancer une concertation locale avec tous les métiers concernés et nous allons améliorer la réponse économique", annonce-t-il. D’ores et déjà, le chef de l’État annonce que "Le chômage partiel à plein, c’est-à-dire à 100 % pour l’employeur, va être réactivé pour tous ces secteurs".

Par ailleurs , les prêts garantis par l’État (PGE) souscrits par plus de 600 000 entreprises ces derniers mois vont voir leurs délais revus. "On peut décaler d’un an le début du remboursement et on l’a échelonné sur 5 ans avec des taux très préférentiels", a expliqué Emmanuel Macron. Les détails en seront donnés lors d’une conférence de presse jeudi 15 octobre avec, entre autres, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Pour autant, les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration sont loin d’être rassurés. "Force est de constater que cette décision équivaut à une refermeture de nos établissements". Cette décision est "lourde de conséquences pour le secteur […] déjà durement frappé par cette crise", écrivent dans un communiqué commun le Syndicat de la restauration thématique (SNRTC), l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), le Groupement des indépendants hôtellerie et restauration (GNI) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC).
Télétravail limité
Même sans couvre-feu, une hausse massive des défaillances d’entreprises et un accroissement du chômage sont attendus au second semestre. Le tableau se noircit un peu plus. Mais pour le Président, cette mesure est indispensable faute de devoir prendre des mesures encore plus contraignantes dans quelques semaines. Selon une source gouvernementale citée par l’AFP, le choix du couvre-feu a divisé le gouvernement. Au moins quatre ministres, dont des poids lourds s’y sont opposés, pointant le risque d’une fracture sociale, avec les cols blancs pouvant se réfugier en télétravail à la campagne pendant que des travailleurs plus modestes seraient réduits au "métro-boulot-dodo".
D’ailleurs, le Président n’a pas appelé farouchement à mettre en place plus de télétravail dans la fonction publique ou dans les entreprises privées. Il juge que l’entreprise est un "collectif" et qu’on "a besoin d’échanger avec les collègues de travail". Aussi, il refuse de donner une règle générale. Il incite à envisager "deux à trois jours de télétravail par semaine" pour "réduire un peu la pression collective". Selon lui, cela doit être "négocié dans les branches et au plus près dans l’entreprise".
Ludovic Dupin

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