Publié le 12 mars 2020
POLITIQUE
Coronavirus : Aéroport de Paris ne sera pas privatisé malgré l’échec du référendum citoyen
Les opposants à la privatisation d’Aéroports de Paris, voulue par le gouvernement, ne sont pas parvenus à réunir les 4,7 millions de signatures nécessaires pour remettre cette décision en cause. Pourtant, la vente n’aura pas lieu. EN effet, l’épidémie de Coronavirus a tellement dégradé les marchés financiers que l’opération n’a actuellement plus aucun intérêt selon la porte-parole Sibeth Ndiaye.

@ADP
Ce que la mobilisation citoyenne n’a pas réussi à faire en plusieurs mois, le coronavirus l’a fait en quelques jours. La privatisation d’Aéroport de Paris est reportée Sine die. "La question de la privatisation d'ADP ne saurait se poser dans l'immédiat compte tenu des conditions actuelles du marché", a expliqué mercredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Depuis le début de l’épidémie, les marchés enchaînent les séances en recul. Le CAC40 a perdu 20 % en 20 jours.
"Nous serions un bien mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder les actifs et participations de l'État dans ADP", a souligné Sibeth Ndiaye. Le plan initial du gouvernement était de céder 50,63 % de parts dans l’entreprise et d’investir la somme obtenue - en obligation d'État rapportant 250 millions d'euros par an pour financer des projets innovants. Les ventes cumulées de FDJ et ADP devaient représenter 8 à 10 milliards d’euros.
1,1 million de signatures
Une stratégie critiquée par de nombreux parlementaires qui rappelaient qu’ADP est une source importante de dividendes pour l’État : 130 millions d’euros en 2017, plus de 173 millions en 2018. Plusieurs d’entre eux ont donc soutenu le lancement d’un référendum d’initiative partagé (RIP) pour annuler cette vente. Hasard du calendrier, la fin de cette procédure inédite est intervenue ce jeudi 12 mars.
Au cours des neuf derniers mois, il aurait fallu réunir 4,7 millions de signatures (10 % du corps électoral) pour forcer le gouvernement à consulter la population. On est loin du compte avec seulement de 1,1 million de soutiens selon les comptes tenus par le Conseil constitutionnel. Pour autant des députés des différents groupes d'opposition, interrogés par l'AFP, ont tous salué cette mobilisation.
Ils évoquent "une expérience démocratique nouvelle", voire "une réussite" compte tenu de l'absence de communication institutionnelle du gouvernement et des difficultés d'utilisation de la plateforme de recueil des soutiens. Le Premier ministre Édouard Philippe s’était montré bien plus critique fin février devant le Sénat (avant l’annulation de la vente) : "Vous pouvez parfaitement estimer que c’est une grande victoire, mais je peux parfaitement constater que vous êtes loin, très loin du seuil de déclenchement prévu par la loi".
Ludovic Dupin avec AFP