Publié le 21 décembre 2020
NUMÉRIQUE
[Anticipation] Et si Google organisait l’élection présidentielle de 2022
Imaginez 2022. La nouvelle vague de Covid-19 empêche de tenir l’élection présidentielle et législative physiquement. Il faut de tout urgence organiser un vote à distance et c’est Google qui rafle la mise. En cette période de fêtes, Novethic vous propose une série de récits prospectifs inspirés de cette année pas comme les autres.

@CarmenMurillo
Tout a commencé sans doute en 2020 quand les Gafa (Google, Amazon Facebook, Apple) ont mis la main sur les données de santé en Occident. Amazon s’est mis à vendre des médicaments sur ordonnance, tandis que Google a proposé des assurances santé aux entreprises américaines. Dès 2021, ce sont les particuliers qui ont pu souscrire des protections auprès des deux géants. Dans les médias, on s’est mis à parler du "Amazon Care", en référence à l’Obama Care. Ce type d’offres est arrivé en France, la même année, après que Google ait racheté les données de santé des citoyens jusqu’alors gérées par Microsoft.
Cela a fait grincer des dents, et de nombreux débats parlementaires ont eu lieu pour interdire aux Gafa de devenir des acteurs de la santé. Pour cela, il s’agissait de s’appuyer sur le Digital Services Act européen, censé brider la puissance de ces géants à la faveur d’entreprises européennes. Mais fin 2021, force est de constater qu’aucune concurrence européenne n’avait pu émerger.
Dans l’urgence…
Et puis est arrivée la cinquième vague de Covid-19 début 2022, elle a été redoutablement contagieuse et, en raison d’une couverture vaccinale trop faible, le confinement a été très vite décrété. Le gouvernement a bien proposé de repousser les élections présidentielles et législatives de quelques mois afin d’éviter de reproduire les sinistres erreurs du premier tour des municipales 2020. Le déplacement des électeurs avait alors accéléré l’épidémie. Devant le tollé général d’une telle proposition, décision est prise de faire passer la France au vote électronique à distance.
Un appel d’offre est lancé… et, face à l’urgence, la meilleure offre est venue de Google. Le géant de plus en plus implanté dans les systèmes d’information des services publics constituait la solution la plus efficace à court terme, ont assuré les services de l’État. Un coup dur pour la souveraineté nationale. Malgré les garanties apportées par l’entreprise américaine sur son impartialité et la protection des données, l’inquiétude a été forte dans la population et chez les élus. Pourtant ce jour d’avril 2022, les Français se sont bien connectés au site de l’élection française "operated by Google".
Des algorithmes obscurs
Autant dire que le candidat élu s’est vite fait surnommer le "Président Google" par toutes les oppositions. En réponse, la majorité a lancé une commission d’enquête parlementaire. Début 2023, et après des centaines d’heures d’auditions, elle déclarera que l’objectif sanitaire a été parfaitement atteint. Elle assurera aussi que jamais aucune élection ne s’est révélée aussi économe pour les services de l’État. Elle a été aussi sans fraude "selon les données publiées par Google", expliquaient les parlementaires.
En revanche, il se révélera que tout une partie de la population a été tenu éloignée de l’élection, soit qu’elle n’a pas su voter, soit que le système d’identification les a éloignés du scrutin pour des "raisons de sécurité". Un processus automatique a en effet été inscrit dans l’algorithme de la firme numérique, censé protéger du hacking ou des usurpations d’identité. Une zone d’ombre qui fera scandale. L’État promettra alors que l’élection européenne de 2024 serait opérée par un acteur français pour assurer la transparence intégrale. En deux ans, le pays allait devoir favoriser l’émergence de "Votetechs", des jeunes pousses de la tech spécialistes du vote.
Ludovic Dupin @LudovicDupin