Publié le 13 février 2020
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Une liste de 112 sociétés liées aux colonies israéliennes publiée par l’ONU
L’ONU a publié mercredi 12 février le nom de 112 sociétés ayant des activités dans les colonies israéliennes, considérées comme illégales par le droit international. Cette liste, annoncée il y a quatre ans, inclut Alstom, Airbnb, Expedia et TripAdvisor. Cette logique de "name and shame" dans le contexte du conflit israëlo-palestinien, reste "matière à controverse", selon les propres mots de Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU.

@What_4
Airbnb, TripAdvisor, Alstom, Booking, Motorola Solutions ou Expedia… Elles font toutes partie de la liste de 112 entreprises exerçant des activités dans les colonies israéliennes, considérées comme illégales par le droit international, que vient de publier l’ONU. Attendue depuis 2016, cette liste fait partie intégrante d’un rapport plus large répondant à une résolution du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
300 entreprises passées en revue
"J’ai conscience que ce sujet a été, et continuera d’être, matière à controverse", a déclaré Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU. Mais le rapport se "base sur des faits", insiste-t-elle. Il "traduit l’attention sérieuse qui a été apportée" à ce travail "sans précédent et particulièrement complexe", précise-t-elle.
Le rapport a régulièrement vu sa parution repoussée. Les services de Michelle Bachelet ont indiqué avoir passé en revue plus de 300 sociétés. Pour chacune des 112 entreprises de la liste, "il y a des bases raisonnables pour conclure qu’elles ont été impliquées dans une ou plusieurs activités particulières référencées" dans la résolution de 2016. Parmi elles, 94 ont leur siège en Israël, et 18 autres se répartissent entre six pays. Au-delà des quelques multinationales citées plus haut, l'essentiel est constitué par des chaines de commerces de proximité (banques, stations services, cafés...).
Une initiative qui crispe
Même si elle "ne constitue pas, et n’entend pas constituer, un processus judiciaire ou quasi-judiciaire", l’initiative crispe. Cette liste de l’ONU est "une reddition honteuse aux pressions de pays et d’organisations qui veulent causer du tort à Israël", a aussitôt réagi le ministère israélien des Affaires étrangères, se félicitant toutefois du fait qu’une "majorité des pays ait refusé de se joindre à cette campagne de pression politique". Israël craint notamment de voir la liste servir de base à des boycotts, auquel certaines organisations pro-palestiennes appellent. Certains investisseurs responsables excluent également de leurs portefeuilles, les entreprises ayant des activités dans les colonies.
De leur côté, les Palestiniens ont salué cette publication. "Publier cette liste d’entreprises et d’entités qui opèrent dans les colonies est une victoire pour le droit international et nos efforts diplomatiques afin d’assécher les puits du système colonial incarné par les colonies illégales dans les Territoires palestiniens occupés", a ainsi déclaré Riyad al-Maliki, le chef de la diplomatie palestinienne.
La rédaction avec AFP