Publié le 21 juillet 2020
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Gare du Nord, entrepôts Amazon, Terminal 4 à Roissy... cinq projets en sursis pour des raisons environnementales
Après dix années d’une guerre sans relâche, entre zadistes et recours judiciaires, le groupe Pierre et Vacances renonce à la construction d’un Center Parcs à Roybon, en Isère. Ces dernières années, de nombreux projets ont ainsi été abandonnés pour des raisons environnementales dans l’Hexagone à l’instar de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Novethic passe à la loupe cinq chantiers actuellement en sursis de la rénovation, de la Gare du Nord aux "fermes-usines" en passant par les entrepôts d'Amazon.

Des centaines de projets sont aujorud'hui contestés aux quatre coins de l'Hexagone pour des raisons environnementales.
1) Le nouveau terminal 4 de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle
L'Autorité environnementale (AE) a rendu, début juillet, un avis critique sur le projet d’extension de l’aéroport de Roissy. Ce futur terminal 4 pourrait accueillir 40 millions de passagers supplémentaires par an, soit la capacité actuelle de l’aéroport d’Orly, ajoutée à celle de Roissy. Mais pour l’AE, il y a trop de zones d’ombres. "Les incidences du projet sur la qualité de l'air et sur le bruit, et donc la santé des résidents et riverains de la plateforme aéroportuaire sont incomplètement évaluées", critique l'AE, qui s'inquiète également de la gestion du traitement des eaux. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, appelle lui-même à réexaminer les extensions d’aéroport "au regard des nouvelles exigences environnementales et de la réalité du trafic aérien". Les associations, quant à elles, demandent un nouveau report de l'enquête publique.
2) La rénovation commerciale de la Gare du Nord
Alors que le préfet d’Ile-de-France a donné son feu vert au permis de construire du volet commercial de la transformation de la Gare du Nord, la Mairie de Paris a annoncé qu’elle engagerait des recours. "Le gouvernement vient de s’inventer un Notre-Dame-des-Landes en plein Paris. Je lui souhaite beaucoup de courage sur le plan politique et juridique" a tweeté le premier adjoint Emmanuel Grégoire. Du côté des associations, on dénonce un "paquebot commercial" de 200 boutiques, centré "sur le consumérisme". En tout, 88 000 m² supplémentaires de commerces, bureaux mais aussi salle de spectacle et salle de sport doivent voir le jour.
3) Les fermes-usines, principalement dans le Grand-Ouest
Il ne reste plus que quelques heures aux habitants de Plougonvelin, dans le Finistère, pour participer à la consultation publique concernant l’extension d’un élevage porcin dans le village. L’association "Nous voulons des coquelicots" dénonce ce projet, qui porterait le nombre de porcs dans l’élevage à 4 275 sur l’année, contre 2 778 aujourd’hui. Elle craint notamment un accroissement de la pollution dans une région déjà ravagée par les algues vertes. Cet exemple est loin d’être une exception et des contestations s’organisent contre chaque projet de ferme-usine, principalement dans le Grand-Ouest. Selon un récent rapport de Greenpeace (1), 1 % seulement des exploitations françaises produisent les deux tiers des porcs, poulets et œufs de l’Hexagone.
4) Les entrepôts d’e-commerce, Amazon en tête
"Non à l'Amazonisation de l'Alsace" scandaient la semaine dernière plusieurs centaines de manifestants contre l’installation d’un troisième entrepôt Amazon dans l’Est. Le géant américain compte une vingtaine de sites de stockage en France et envisage de doubler ses capacités d'ici 2021. Mais ce n’est pas sans soulever la colère des riverains. Dans le Gard, près de Nîmes, un bras de fer est engagé depuis plusieurs mois pour préserver l'un des sites touristiques les plus anciens et visités de France. À Colombier-Saugnieu, près de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry, les travaux du futur entrepôt sont carrément à l’arrêt en raison de plusieurs recours. La nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, envisage un moratoire de six mois sur les entrepôts de e-commerce le temps qu’une étude d’impact soit menée.
5) Le surf park de la discorde près de Nantes
"Une vague parfaite à toute heure de la journée", c’est la promesse de La Bergerie Surf Camp qui prévoit d’aménager un bassin à Saint-Père-en-Retz, près de Nantes, à seulement dix kilomètres de l’océan. De quoi susciter la colère des associations environnementales qui dénoncent un "projet absurde" déployé sur "huit hectares de terres agricoles" et "très gourmand en eau'. "Le but était simplement de démocratiser la pratique du surf", réplique Stéphane Bouchonneau, l'un des créateurs du complexe. Pour l'heure, la demande de permis de construire n'a pas encore déposée mais elle risque bien de subir le même sort qu’Europacity, notamment dénoncé pour sa piste de ski artificielle.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport de Greenpeace sur l'essor des fermes-usines en France, publiée en juin 2020