Publié le 21 octobre 2019
ENVIRONNEMENT
Extension de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle : une incohérence climatique dénoncée par plusieurs associations
Aéroports de Paris prévoit de construire un nouveau terminal à Roissy-Charles-de-Gaulle pour faire face à l'afflux de passagers dans les années à venir alors que l'aéroport parisien est déjà au bord de la saturation. Bien que ce chantier ne prévoit pas de nouvelles pistes, il va accroître le trafic aérien et les émissions de CO2. Plusieurs associations demandent au gouvernement l'abandon du projet.

@ADP
Le futur terminal 4 de Roissy-Charles-de-Gaulle connaîtra-t-il le même sort que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? C’est en tout cas ce qu’espèrent les associations environnementales et locales. Au nom de l'urgence climatique, une dizaine d’entre elles, dont France Nature Environnement, Alternatiba et Les Amis de la Terre, demandent l'abandon du projet d'extension de l'aéroport parisien dans une lettre ouverte (1) adressée au président de la République jeudi 17 octobre.
"Le projet de terminal 4 à Roissy Charles de Gaulle n’est pas cohérent avec les engagements de la France, écrivent-elles. C’est pourquoi nous demandons instamment que l’État, au nom de la cohérence climatique, s’oppose à cette extension aéroportuaire". Chiffres à l’appui, elles craignent une hausse des émissions de CO2 liées au trafic du terminal 4 qui doit voir le jour en 2037. À cette échéance, celui-ci serait à lui seul responsable de "12 % des émissions autorisées pour la France dans l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050".
40 millions de passagers supplémentaires en 2037
Décidé l’année dernière, ce projet d’extension est prévu pour répondre à une hausse du trafic aérien de 2 % à 3 % par an dans les vingt prochaines années, explique Aéroports de Paris (ADP). Le terminal 4 pourrait accueillir 40 millions de passagers supplémentaires par an, soit la capacité actuelle de l’aéroport d’Orly, ajoutée à celle de Roissy. On passerait ainsi de 72 millions de passagers en 2018 à 126 millions en 2037, avec 500 vols de plus par jour (au total 1 800 vols quotidiens).
Il s’agit non pas de créer de nouvelles pistes, mais un ensemble de nouveaux bâtiments, de voies de circulation et de réseaux de desserte routière et ferrée sur 167 hectares, le tout adossé au Grand Paris et notamment à la construction de la ligne 17 du Grand-Paris-Express, qui devra desservir la zone. "L’objectif est que le Terminal 4 soit le plus neutre possible au niveau carbone et le plus ambitieux possible au niveau énergétique", assure ADP.
Le climat en phase terminale
Pour convaincre, Aéroports de Paris a lancé une concertation préalable qui a duré trois mois, entre février et mai derniers, avec des garants de la Commission nationale du débat public (CNDP). 85 événements ont été organisés, dont 10 réunions publiques et plus de 6 000 personnes rencontrées. À l’issue de cette phase, le groupe a pris 29 engagements parmi lesquelles une ambition zéro déchet dans le terminal 4, la neutralité carbone (sans compensation) en 2050 ou encore le reboisement du parc de Montmorency à compter de 2020.
Dans son bilan de la concertation, la CNDP estime qu’"il conviendrait que l’État précise comment l’évolution du trafic s’insère dans le cadre des engagements internationaux de la France dans la lutte contre les changements climatiques." Lors de la réunion de restitution de la concertation le 9 octobre dernier, des riverains et des militants climatiques ont perturbé les échanges. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : "T4 : le climat en phase terminale", accompagné de têtes de mort.
ADP prévoit de déposer son dossier d’étude d’impact d’ici la fin de l’année dans le cadre de l'obtention de son autorisation environnementale avant l’enquête publique prévue pour le second semestre 2020. Les débats prévoient d’être tendues.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron.