Publié le 10 novembre 2022
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Meta, la maison-mère de Facebook, peine à convaincre avec le métavers et se sépare de 11 000 salariés
Facebook n’enchaîne plus les succès. Le réseau social, rebaptisé Meta, a enchaîné les controverses ces dernières années sur l’utilisations des données personnelles. Aujourd’hui, son modèle fait moins recette. Mark Zuckerberg a annoncé un vaste plan social, concernant 11 000 salariés du groupe, en raison de la baisse des résultats financiers du groupe. Il reste cependant persuadé que le métavers, sa nouvelle technologie de réalité virtuelle, fera recette à terme.

@Chris Delmas / AFP
Le métavers ne semble pas faire recette. Meta, le groupe qui réunit les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Whatsapp, doit réduire la voilure et lance le premier plan social d’envergure de son histoire. Mark Zuckerberg, son fondateur, a annoncé dans un message à ses employés qu’il devait licencier 11 000 personnes dans le monde, soit 13% de son effectif total. "Aujourd’hui, je partage l’un des changements les plus difficiles que nous ayons dû faire dans l’histoire de Meta", commence Mark Zuckerberg avant de détailler le nombre de personnes affectées par le plan. Il ajoute que "nous prenons aussi un certain nombre de mesures additionnelles pour devenir une entreprise plus efficace en coupant dans les dépenses discrétionnaires et en étendant le gel des embauches sur le premier trimestre".
Meta est la deuxième grande entreprise de la tech américaine à prévoir une réduction drastique de ses effectifs en quelques jours. Elon Musk avait ouvert le bal début novembre pour Twitter, qu’il vient tout juste d’acheter, en annonçant brutalement le licenciement de la moitié des salariés de l’entreprise. Twitter est déficitaire de longue date et Elon Musk, qui l’a rachetée en connaissance de cause, l’a rappelé dans un tweet : "il n’y a malheureusement pas le choix quand l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour".
Meta, rattrapé par la conjoncture difficile
L’ex-Facebook, au contraire, a longtemps enregistré de gros bénéfices. Mais le F des Gafa est depuis peu rattrapé par une conjoncture moins favorable. Les confinements successifs pendant la pandémie de Covid-19 ont en effet profité aux géants du numérique, en raison de l’essor du e-commerce et des publicités en ligne. Le retour à la normale s’avère plus rude et Meta a vu ses bénéfices fondre de moitié au troisième trimestre 2022. "Beaucoup de gens prédisaient que cette accélération serait permanente et continuerait même après la fin de la pandémie. Je l’ai fait aussi, donc j’ai décidé d’augmenter significativement nos investissements. Malheureusement, cela ne s’est pas déroulé comme je m’y attendais", reconnaît Mark Zuckerberg.
Les marchés financiers ont fait le même constat. Face à des résultats financiers décevants, les anciens enfants-chéris des investisseurs, comme Meta ou Amazon, en sont devenus les bêtes noires. Les entreprises de la tech ont ainsi vu ces derniers mois leurs valorisations boursières dégringoler. Meta a même perdu près de 89 milliards de dollars de capitalisation fin octobre, après l’annonce du recul de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices.
Une perte de confiance dans le modèle de Meta
Mark Zuckerberg s’accroche néanmoins à sa stratégie centrée en grande partie sur le développement du métavers (metaverse en anglais), technologie qu’il estime être d’importance historique et dans laquelle il a investi plus de 20 milliards de dollars ces dernières années. "Je pense que nous sommes profondément sous-estimés en tant qu’entreprise aujourd’hui", affirme-t-il dans sa lettre aux employés. "Nous sommes à la tête du développement de la technologie pour définir l’avenir de la connexion sociale et de la prochaine plateforme informatique", assure-t-il.
Le métavers demeure cependant un pari que de moins en moins d’investisseurs semblent vouloir relever. L’utilité de cette technologie reste encore trop floue, malgré les promesses de vouloir en faire un lieu de réunion virtuel. Meta reste par ailleurs plombé par de nombreuses controverses qui ne sont pas de nature à renforcer la confiance dans son modèle. L’année dernière, les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen sur les pratiques du réseau social en matière de gestion des données étaient remontées jusqu’au Sénat américain. Elle a depuis fondé Beyond the Screen, une ONG pour assainir les réseaux sociaux.
Arnaud Dumas, @ADumas5