Dans l’affaire des boues rouges, l’attention s’est focalisée pendant des années sur les rejets polluants de l’usine Alteo en mer Méditerranée, près de Marseille. Cette fois, des riverains s’opposent au stockage à terre des résidus de bauxite (principal minerai composant l’aluminium).
L’usine de production d’alumine stocke ses déchets solides et toxiques sur son site de Mange-Garri. Or les habitants de la commune voisine de Bouc-Bel-Air estiment que ce stockage est dangereux pour leur santé. Ils dénoncent les poussières qui se répandent aux alentours, ainsi que le risque de pollution des nappes phréatiques. Par le passé, la préfecture des Bouches-du-Rhône avait déjà invité les riverains à ne pas consommer cette eau.
Un transfert de pollution sur la terre et non une réduction
La population a donc déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille. Les habitants exigent l’annulation de l’arrêté préfectoral des Bouches-du-Rhône du 21 juin 2016 qui autorise le stockage à Mange-Garri. Ils s’appuient sur l’étude d’impact de l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Celle-ci juge qu’il n’était pas possible d’exclure un risque sanitaire au niveau local. À court terme, les plaignants réclament donc une mise en sécurité du site, l’enlèvement des sacs d’alumine, et l’installation de panneaux d’information. Car "les gens continuent à venir pique-niquer et faire de la randonnée", sans être au courant des risques, explique Olivier Dubuquoy de l’association Nature Océan, qui milite contre les boues rouges.
"Nous retournons dans la situation antérieure, 50 ans auparavant, à un moment où tout était stocké sur terre", a estimé, lors d’une conférence de presse, Maître Hélène Bras, qui représente les riverains. "Ils ont en réalité autorisé un transfert de pollution sur la terre et non une réduction de la pollution", dénonce-t-elle.
Manuel Valls aurait outrepassé ses droits
L’avocate fait ici référence à la décision de novembre 2015 de Manuel Valls, alors Premier ministre. Il avait autorisé l’usine Alteo à déverser six ans de plus ses eaux polluées dans les Calanques, sous condition de séparer la partie rouge solide de la partie liquide. Mesure qu’Alteo a prise en investissant dans des filtres-presses. Or, selon Olivier Dubuquoy, également géographe, "les concentrations de métaux lourds et d’arsenic, sont bien supérieurs qu’auparavant". "Nous sommes désormais face à une double peine : la pollution en mer et la pollution à terre ", déclare-t-il au journal Le Monde.
Les riverains ont également saisi le Conseil d’État. Ils veulent obtenir la totalité du procès-verbal de la réunion interministérielle pendant laquelle Manuel Valls a donné cette autorisation à l’usine Alteo, alors que Ségolène Royal, ministre de l’Environnement y était fermement opposée. Après plusieurs recours en justice, les requérants en avaient obtenu l’autorisation par le tribunal administratif de Paris mais ils n’ont eu accès qu’à trois des cinq pages du procès-verbal. Le but étant de connaître les arguments avancés par le Premier ministre pour démonter qu’il était incompétent sur le sujet et qu’il a outrepassé ses droits.
Marina Fabre @fabre_marina
Publié le 5 juillet 2017
Après la mer, la terre. Plusieurs riverains de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) viennent de déposer un recours contre un décret autorisant le stockage au sol des boues rouges issues de l'usine Alteo. Ils estiment que les poussières, composées entre autres de métaux (arsenic, fer, mercure), sont dangereuses pour leur santé.
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