Publié le 23 août 2019

ENVIRONNEMENT

Fashion Pact : Au G7, la mode s'engage à réduire son impact environnemental avec des objectifs sur-mesure

L'industrie de la mode va-t-elle enfin prendre les mesures nécessaires pour réduire son impact environnemental ? Missionné par Emmanuel Macron en mai, le PDG de Kering, François Henri Pinault, devait mobiliser le secteur en ce sens. Il présente au G7 le Fashion Pact signé par plus de 147 marques. Elles s'engagent à réduire leur impact sur le climat, la biodiversité et les océans, même si ces objectifs ne sont pas contraignants.

La mode s engage environnement
Au G7, le PDG de Kering va présenter le Fashion Pact signé par près de 150 marques.
CC0

"François Henri Pinault a mouillé la chemise", assure une porte-parole de Kering. Il faut dire que le calendrier était serré. Le Président Emmanuel Macron avait mandaté en mai le PDG pour mobiliser ses pairs autour de la réduction de leur impact sur l’environnement. Il devait présenter le résultat, le Fashion Pact, au G7 le 26 août. Avec une condition sine qua non à cette coalition : qu'elle rassemble au moins 20 % du secteur mondial de la mode en volume de production. Trois mois plus tard, près de 30 % de l’industrie est mobilisée, à travers 147 marques.

Le Fashion Pact réunit donc des acteurs du luxe comme Chanel ou Burberry, des équipementiers sportifs tels Adidas ou Nike, des groupes de la fast fashion dont H&M group et Inditex, ainsi que des distributeurs comme Carrefour ou Galeries Lafayette. Tous se sont engagés à réduire leurs impacts négatifs autour de trois axes : le climat, la biodiversité et les océans. "C’est une coalition historique", croit Kering. "On a un volume de signataires suffisants pour inverser les tendances", promet le groupe.

La mode représente 10 % des émissions de CO2

Tous les volontaires s’engagent à ce que leurs actions soient compatibles avec une trajectoire de réchauffement de 1,5 °C. Aujourd'hui, l’industrie de la mode représente 10 % des émissions de CO2. Les signataires vont mettre en œuvre les Science Based Targets (SBT), ces objectifs fondés sur la science, afin de "mener une transition juste pour atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050".

Même chose pour la biodiversité, même si les SBT ne sont pas encore aussi avancés que sur le climat. "Ils sont en cours d’élaboration mais 2020 sera l’année de la biodiversité, cela permettra d’avoir cette approche. En attendant cela n’empêche pas les entreprises d’agir", affirme Kering.

Concernant la pollution des océans, là aussi le secteur est particulièrement concerné. Il est responsable de 17 % de la pollution industrielle de l’eau et de 35 % de la pollution plastique océanique due à la désintégration de microfibres de tissus synthétiques. Les entreprises ont le choix des armes pour réduire ces impacts : éliminer le plastique à usage unique d’ici 2030, soutenir l’innovation pour éliminer la pollution par les microfibres, promouvoir des productions agricoles durables…

Sanction réputationnelle

Le ministère de l’Écologie se félicite de cette nouvelle "diplomatie de l’action" : "On sait que lorsque des pionniers assez puissants adoptent des bonnes pratiques, elles se diffusent à l’ensemble". Reste que ces engagements ne sont pas contraignants, mais "le meilleur policier n’est pas le politique c’est le citoyen, le consommateur. Si vous ne respectez pas vos engagements, vous discréditez vous-même votre marque", défend Kering. "Le Fashion Pact découle d’une démarche volontaire mais la sanction est réputationnelle", renchérit le ministère. Tous les ans le Fashion Pact s’engage à rendre compte de l’état d’avancement de ses projets.

La question de l’impact environnemental prend une ampleur de plus en plus large au sein de la société civile. Au point, par exemple, que la Suède a annulé sa Fashion week par souci écologique. On a vu aussi l'étude de Thred Up prédire que, d’ici 2028, le marché de la fripe dépassera celui de la fast fashion.

Ces tendances qui semblent s’ancrer de plus en plus profondément ont déjà poussé quelques marques à prendre des engagements, mais de manière isolée. Zara a ainsi promis que d’ici 2025 100 % des tissus servant à la confection de la marque seraient durables. Adidas a dévoilé en avril ses premières baskets 100 % recyclables. H&M s’engage à ne vendre que des vêtements écologiques d’ici 2030.

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Pollution

Fleuves impropres à la consommation, terres stériles, produits toxiques déversés massivement, la liste des pollutions de toutes natures est longue. Les initiatives visant à les réduire se font plus nombreuses mais elles restent très inférieures aux besoins.

The plastic forecast meteo du plastique Fondation Minderoo

La météo du plastique, le bulletin qui annonce la quantité de microplastiques dans l'atmosphère

Températures, couverture nuageuse et pluie… de plastique. Voilà les prévisions données par "The plastic forecast", un nouveau genre de bulletin lancé par la Fondation Minderoo pour alerter sur la pollution liée à notre consommation de plastique. Une météo pour l’instant disponible uniquement pour...

Cigarette electronique jetable puff dangers DENIS CHARLET AFP

Les dessous toxiques de la Puff, la cigarette électronique à l'assaut des jeunes

Avec son packaging pop, son petit prix et ses saveurs récréatives, la cigarette électronique jetable, ou puff, se démocratise à grande vitesse. Un succès amplifié par les réseaux sociaux où des campagnes d’influence ciblent un public très jeune. Pourtant, les impacts sur la santé des consommateurs...

Yachts festival de cannes LOIC VENANCE AFP

Cannes, festival du greenwashing entre yachts, jets privés et compensation carbone

5 000 projections, 80 000 festivaliers, une population multipliée par trois… Si les chiffres du Festival de Cannes donnent le tournis, son impact environnemental n’en est pas moins impressionnant. Avec une empreinte carbone de plus de 25 000 tonnes de CO2, boostée par l’utilisation de jets privés et...

Avion aeroport lille nuisances SAMEER AL DOUMY AFP

Aéroports : les riverains rêvent de décroissance

S’ils avaient connu une accalmie durant le confinement, les riverains des aéroports français voient à nouveau leur quotidien rythmé par les avions qui survolent nuit et jour leur logement. Des nuisances qui ne devraient pas aller en s’atténuant, le trafic aérien repartant fortement à la hausse. Tous...