Publié le 04 août 2020
ENVIRONNEMENT
Généralisation du port du masque : indispensable mais mauvaise nouvelle pour la planète
Face à la recrudescence des cas de Covid-19 en France, plusieurs villes obligent désormais à porter un masque en extérieur. C'est notamment le cas à Lille où le Premier ministre s'est rendu le 3 août. Si ces mesures sanitaires sont nécessaires pour éviter un reconfinement, elles pèsent sur l'environnement. De plus en plus de masques, jetables, jonchent les rues. Or un masque chirurgical met de 400 et 450 ans à se dégrader et n'a pas de filière de recyclage.

Ministère
La situation se dégrade en France. Depuis trois semaines, selon la Direction générale de la Santé, le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 est en hausse. Pour faire face à cette recrudescence du virus, certaines villes ont décidé de rendre obligatoire le port du masque à l’extérieur. C’est notamment le cas à Lille où le Premier ministre Jean Castex s’est rendu ce 3 août dans la matinée. "Le virus n'est pas en vacances et nous non plus", a déclaré le chef du gouvernement. "Il faut nous protéger contre ce virus, surtout sans faire arrêter la vie économique et la vie sociale, c'est-à-dire en évitant la perspective d'un reconfinement généralisé", a-t-il expliqué.
Depuis le 31 juillet, les préfets peuvent imposer le port du masque dans les lieux publics ouverts qui sont sujets à une "très forte fréquentation du public". À Nice, Orléans, Dax, Saint-Malo et surtout en Mayenne, où 69 communes imposent désormais cette mesure, les visiteurs et habitants doivent porter le masque en centre-ville et dans certains quartiers. À Biarritz par exemple, l’obligation concerne le quartier de l’Hôtel du Palais et de la plage de Port-Vieux, des zones hyper-touristiques. Si ces mesures semblent nécessaires pour lutter contre le Covid-19, la généralisation du port du masque n’est pas une bonne nouvelle pour l’environnement.
Pas de filière de recyclage
Depuis la crise sanitaire, les villes constatent en effet que de plus en plus de masques jonchent les rues de l’Hexagone. L’association Opération mer propre en a même retrouvé au fond de la Méditerranée. Or ces "nouveaux mégots" sont des déchets très polluants qui prennent de 400 à 450 ans à se dégrader. Pour limiter les dégâts sur l’environnement, l’ancienne secrétaire d’֤État à la Transition écologique, Brune Poirson avait évoqué mi-juin, un projet de décret durcissant l’amende pour les jets de déchets sur la voie publique. Elle passerait ainsi de 68 à 135 euros.
Pour l’instant, selon le HuffPost qui a passé au crible le Journal Officiel, le décret ne semble pas avoir été publié. La situation est pourtant inquiétante car les masques chirurgicaux, en matière thermoplastique, ne se recyclent pas. Seule une entreprise, Cosmolys, a reçu une dérogation de l’État pour expérimenter une technologie de traitement. L’enjeu est désormais de "confirmer l’expérimentation, aller jusqu’au bout des résultats et ensuite créer et encourager le développement de débouchés pour cette matière recyclée", résumait Brune Poirson fin juin.
L'alternative des masques lavables Made in France
Parallèlement, depuis début mars, un consortium de scientifiques, médecins et industriels du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de plusieurs hôpitaux planche sur la question. Dans l’immédiat, pour concilier protection sanitaire et protection de la planète, il est préférable de choisir des masques lavables plutôt que des jetables. D’autant que les centaines d’entreprises françaises qui ont répondu à un "effort de guerre" en se lançant dans la production de masques en textile pendant la crise sanitaire, ont dû mal à écouler leurs stocks.
Le gouvernement a appelé toutes les entreprises à constituer un stock de 10 semaines de masques pour ses salariés en privilégiant les lavables Made in France. Mais la concurrence avec l’Asie, qui a repris sa production à bas coût, est difficilement tenable. Le prix des masques chinois a par exemple chuté de 90 % depuis mars en raison de la baisse des cours du pétrole. Agnès Pannier Runacher, secrétaire d’Etat chargée de l’industrie, a appelé maintes fois à ne pas "laisser tomber" cette filière, défendant un enjeu "économique et écologique".
Marina Fabre, @fabre_marina