Publié le 08 juin 2020
ENVIRONNEMENT
Face au désastre écologique en cours, le gouvernement double l'amende pour les masques jetés par terre
Jeter un masque, un gant, un mégot dans la rue va coûter plus cher. Face à la hausse des incivilités, le gouvernement va doubler l'amende pour ce type de délits passant de 68 à 135 euros. Partout en France, les éboueurs retrouvent des masques chirurgicaux qui jonchent les trottoirs. Une association vient même d'en retrouver au fond de la Méditerranée. Cette situation est un vrai désastre écologique : les masques mettent 400 à 450 ans à se dégrader et ne se recyclent pas.

Opération Mer propre
[Mise à jour le 8 juin] C’est un autre fléau de la crise du Covid-19. Alors que les livraisons de masques jetables arrivent enfin à bon port, depuis des semaines, les villes et éboueurs constatent que de plus en plus de masques et gants jonchent les rues de l’Hexagone. "Quand certains sortent des transports en commun où le masque est obligatoire, ils s’en débarrassent aussitôt", explique Dominique Lemesle, directeur général délégué chargé des services urbains à Lyon. Et du trottoir à la mer, il n’y a qu’un pas.
L’association Opération mer propre vient en effet d’en retrouver au fond de la Méditerranée. "On les attendait, ils sont arrivés, mais pas au bon endroit", ironise l’association sur son compte Facebook. "Si rien ne change, ça va devenir un vrai désastre écologique et peut être même sanitaire", explique le plongeur Laurent Lombard. Il faut dire que ces "nouveaux mégots" sont des déchets très polluants qui prennent de 400 à 450 ans à se dégrader selon plusieurs associations.
Un risque de contamination
"Un masque par terre, en plus de générer une pollution, c’est une rupture dans notre chaîne commune de protection face au virus, car c’est potentiellement un déchet infecté que l’on met dans l’espace public", explique le cabinet de la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, dans L’Obs. "Il y a quelque chose d’assez paradoxal à chercher à se protéger soi-même du virus tout en participant potentiellement par ailleurs à sa propagation".
Face à cette situation, le ministère a lancé une campagne de sensibilisation concernant la gestion des masques usagés. L’affiche indique une démarche en trois étapes pour éviter la pollution et la contamination : il faut d’abord placer son masque dans un sac poubelle dédié, le conserver 24 heures puis le jeter dans un sac pour ordures ménagères.
Nous sommes nombreux à voir des masques usagés jetés par terre. Pourtant, il est simple d’éviter cette pollution en respectant les consignes⤵
Soyons #TousMobilisés pour :
Préserver l’environnement
Limiter la propagation du #COVIDー19
— Ministère de l’Écologie (@Ecologie_Gouv) May 15, 2020
Organiser d'urgence une filière de recyclage
De plus, les masques chirurgicaux, en matière thermoplastique, ne se recyclent pas. "Il y a eu pas mal d'incompréhension, certains pensant que c'était recyclable", explique à l'AFP Marc-Antoine Belthé, directeur du développement chez Veolia Recyclage. "En termes de volume, ça pèse peu, mais on a vu arriver d'un seul coup et très régulièrement" ces déchets "porteurs de risques pathogènes". D’où la demande début mai de 27 députés LREM demandant à la ministre Brune Poirson, dans une lettre, d’organiser une filière de récupération et de recyclage des masques "dans les meilleurs délais" afin d’assurer "un réemploi des masques qui permettrait d’éviter un énorme gâchis de matières".
En attendant, pour que chaque citoyen prenne ses responsabilités, Brune Poirson présentera mi-juin un projet de décret qui concerne aussi bien les masques, les gants, les mégots ou encore les dépôts sauvages d'ordures. Jeter des déchets sur la voie publique pourra être sanctionné d'une amende de 135 euros au lieu de 68 euros actuellement. L'amende pourrait même monter à 375 euros, voire 750 euros si la police établit un procès-verbal et le transmet au tribunal, selon le ministère. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de la feuille de route pour l'économie circulaire lancée en 2018.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP