Publié le 04 mai 2023

ENVIRONNEMENT

Une Assemblée citoyenne des imaginaires pour penser un monde d’après désirable

Faire sauter le "plafond de verre" d'un futur désirable. C’est le but de l’Assemblée citoyenne des imaginaires qui va proposer aux citoyens de penser un monde de demain bas-carbone et souhaitable, sans dystopie et scénario catastrophe. Une nécessité pour créer des nouveaux récits et une culture à la hauteur des enjeux contemporains. 

Imaginaire istock
"Il faut aujourd’hui qu’on passe par les émotions, il faut libérer les citoyens en encourageant leur capacité à rêver".
Istock

Scénario catastrophe où les humains survivent difficilement à une Terre brûlée par un soleil de plomb, société post-apocalyptique, film dystopique… Qui envisage aujourd’hui un futur désirable pour notre planète ? "On n’a pas de récits à la hauteur des enjeux contemporains", constate la journaliste et réalisatrice Valérie Zoydo, "Il est pourtant nécessaire de construire de nouveaux imaginaires, des récits compatibles avec le vivant, de véhiculer des imaginaires positifs d’une société post-carbone enviable à travers la culture populaire".

Pour ce faire, Valérie Zoydo, en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe), le festival Atmosphère et Bluenove, vient de lancer l’Assemblée citoyenne des imaginaires. "L’objectif est de produire une œuvre culturelle populaire qui prend racine dans le vécu, les aspirations et les sensibilités des citoyens… et qui soit à la hauteur des grands enjeux de notre époque, alliant la pédagogie le rêve et le divertissement". 

"Il faut libérer les citoyens"

Ce projet collaboratif se déroule en plusieurs phases. Ainsi, le 11 mai à l’Académie du climat aura lieu une journée de formations aux nouveaux récits à laquelle participeront des citoyens, des "experts du changement" et des scénaristes. "Par la suite, des ateliers d’écriture en ligne et en présentiel seront animés par des “imaginateurs” dans toute la France. Des scénaristes professionnels participeront, eux aussi, à la création de ce projet audiovisuel et transmédia. Huit d’entre eux seront ainsi chargés de transformer la matière recueillie en synopsis au cours de l’été 2023", détaille le communiqué de presse. Le but étant qu’à la fin de l’année, l’Assemblée citoyenne des imaginaires vote pour ses synopsis préférés. 

TF1, partenaire principal du projet, sélectionnera ainsi les meilleurs scénarios. Pour l’instant, difficile de savoir si la "chaîne la plus populaire de France" produira et diffusera un des scénarios, mais Valérie Zoydo pousse en ce sens. "Aujourd’hui, il y a un plafond de verre. On a toutes les solutions mais elles n’arrivent pas jusqu’à l’imaginaire du grand public. L’imaginaire qu’il reçoit est celui de la contrainte, de la punition, celui de la fin de l’abondance, de la fin de l’insouciance, qui a envie d’une société comme celle-ci ?", questionne la réalisatrice. "Il faut aujourd’hui qu’on passe par les émotions, il faut libérer les citoyens en encourageant leur capacité à rêver". 

Créer de nouvelles valeurs

L’été dernier, l’Ademe et l’ONG Place to B avaient d’ailleurs publié une étude révélant le pouvoir des récits et leur capacité à sensibiliser les citoyens sur les enjeux environnementaux et sociaux. Si les genres postapocalyptique et dystopique pouvaient provoquer un sentiment d’impuissance chez les spectateurs, les émotions comme la combativité et l’espoir sont générateurs d’engagement. "Don’t Look Up a ouvert le marché. Même si ça "finit mal", on entre en empathie avec la psychologie des personnages, ils ont du courage, sont intègres, invitent à coopérer… ce sont tous les ingrédients qui permettent de faire émerger de nouvelles valeurs a contrario de la compétition et l’individualisme", note Valérie Zoydo. 

D’autres acteurs se mobilisent sur ce sujet. En mai 2022, à l’occasion du Festival de Cannes, Marion Cotillard, Cyril Dion et Magali Payen, du collectif "On est prêt", avait dévoilé leur projet commun : la création de Newtopia. Une société de production pour "imaginer un futur désirable, écologiquement soutenable et socialement juste". Trois films étaient alors en préparation, dont une adaptation du roman "Le grand vertige" de Pierre Ducrozet, une fiction sur une nouvelle façon de lutter pour enrayer la crise écologique. 


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