Publié le 28 juillet 2020
ENVIRONNEMENT
[Tour du monde de l’adaptation] Las Vegas, assoiffée, joue gros face au changement climatique
Cet été, Novethic vous propose un tour du monde un peu particulier afin d’aller voir comment certaines régions s’organisent pour faire face aux premiers impacts du changement climatique. C’est ce qu’on appelle l’adaptation, dans le jargon diplomatique onusien. Aujourd’hui, direction Las Vegas, où l'approvisionnement en eau est de plus en plus difficile face à une croissance effrénée.

@CC0
La capitale du jeu, située dans une large vallée désertique à l’extrême Sud du Nevada, au sud-ouest des États-Unis, dépend à 90 % du fleuve Colorado pour son approvisionnement en eau. Mais celui-ci pourrait bientôt être à sec. L'immense fleuve américain, surexploité, a vu son débit réduit de 20 % en un siècle en raison de la hausse des températures et de la multiplication des périodes de sécheresse. Chaque degré supplémentaire sur la planète réduit encore le débit de plus de 9 %. En outre, le changement climatique provoque une baisse de la qualité des eaux et une augmentation des algues.
Face à ce constat alarmiste, Las Vegas fait partie des trois villes ayant déclaré le plus d’actions d’adaptation au CDP. Le programme "cash for grass" subventionne par exemple la population à arracher son gazon, très gourmand en eau, au profit de végétations synthétiques ou à faible niveau d’eau comme les cactus. Les fuites et le gaspillage d’eau sont – chèrement - traqués par une police de l’eau et le développement urbain est limité. Une troisième prise d’eau est même en projet pour acheminer des eaux souterraines de l’Est du Nevada jusqu’à Las Vegas sur plusieurs centaines de kilomètres malgré l’opposition des écologistes et des agriculteurs.
"Ça ne peut que mal finir"
"Dans ce cas, contrairement au Nicaragua par exemple, l’adaptation passe par une fuite en avant technologique pour régler tous les problèmes à court ou moyen terme", analyse Guillaume Simonet, chercheur indépendant et consultant sur l’adaptation. "Mais rien n’est fait pour remettre en question un mode de vie qui ne peut plus fonctionner. Au contraire, les actions d’adaptation permettent de maintenir en l’état un système qui n’a pas de sens depuis le début, quoi qu’il en coûte. Rappelons que Las Vegas est une ville créée dans un désert, ça ne peut que mal finir", ajoute-t-il.
Et pourtant, l’agglomération reste l’une des plus attractives du pays. Elle a vu sa population multipliée par trois en vingt ans pour atteindre plus de deux millions d’habitants, à laquelle il faut ajouter les 45 millions de touristes annuels. Cette croissance démographique accentue toujours plus la pression sur l’approvisionnement en eau. Contrairement au dicton américain qui veut que "l’eau coule vers l’argent", Las Vegas pourrait bel et bien se retrouver à sec.
Concepcion Alvarez @conce1
Cette série est réalisée en collaboration avec Climate Chance qui a publié, en 2019, un cahier spécial sur le bilan des actions d'adaptation à travers le monde d'où sont tirés les exemples développés.