Publié le 27 juillet 2020
ENVIRONNEMENT
[Tour du monde de l’adaptation] Au Nicaragua, péril sur la production de café
Cet été, Novethic vous propose un tour du monde un peu particulier afin d’aller voir comment certaines régions s’organisent pour faire face aux premiers impacts du changement climatique. C’est ce qu’on appelle l’adaptation, dans le jargon diplomatique onusien. Aujourd’hui, en route pour le Nicaragua, ce pays niché entre l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes, dont la production de café est fortement menacée.

@Neil Palmer / CIAT (Centre international d'agriculture tropicale)
Le café, très sensible aux variations de température et à la sécheresse, pourrait bientôt devenir une denrée rare. Au Nicaragua, ce petit pays d’Amérique centrale, qui compte autant d’habitants que les Hauts-de-France (6,5 millions), les petits producteurs sont très inquiets. Selon plusieurs études, le pays pourrait en effet perdre la plupart de ses zones de culture d’ici 2050, entraînant des pertes économiques de l'ordre de 75 millions de dollars. D’ores et déjà, le changement climatique impacte 65 % de la production de café, les caféiers étant régulièrement touchés par la rouille, un champignon parasite qui se développe avec la chaleur et l’humidité et qui détruit les feuilles.
Pour y faire face, des programmes de rachats de grains plus résilients sont mis en place et les agriculteurs sont incités à se déplacer dans les hauteurs pour gagner en fraîcheur ou à diversifier leur production vers le cacao, plus résistant. Mais la majorité d’entre eux ont des petites exploitations et ne peuvent pas se permettre de tels investissements, d’autant qu’ils devront attendre plusieurs années pour que les nouvelles plantes se développent et commencent à produire. Alors, ils se regroupent dans des coopératives afin de profiter de la solidarité de la structure (prêts et aides financières, échanges de bonnes pratiques, soutien matériel).
La solidarité en tête
"Le Nicaragua est un exemple d'adaptation via une transformation réelle du modèle", analyse Guillaume Simonet, chercheur indépendant et consultant sur l’adaptation. "Dans ce pays très pauvre, c’est la solidarité qui est activée en premier pour faire face au changement climatique, dans une démarche participative incluant tous les agriculteurs, qui ont une connaissance des terrains plus poussée. La transformation est lente mais beaucoup plus viable que dans d’autres régions où vont primer les technologies et la mise en œuvre d’infrastructures", ajoute-t-il.
Et cela commence à payer. Le pays est en train de se tailler une place au soleil sur le marché international des cafés de qualité grâce à cette nouvelle génération de planteurs. Ces-derniers parviennent à vendre leur production entre 250 dollars et 1 000 dollars le sac, alors que le prix moyen est de moins de 100 dollars sur le marché international. Une bonne nouvelle pour le Nicaragua, qui ne représente que 0,03 % des émissions de gaz à effet de serre globales, mais qui est le quatrième pays le plus menacé par le changement climatique.
Concepcion Alvarez @conce1
Cette série est réalisée en collaboration avec Climate Chance qui a publié, en 2019, un cahier spécial sur le bilan des actions d'adaptation à travers le monde d'où sont tirés les exemples développés.