Publié le 05 novembre 2019
ENVIRONNEMENT
Les États-Unis se retirent officiellement de l’Accord de Paris, niant l’urgence climatique
Trois ans jour pour jour après l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris, les États-Unis ont officialisé leur sortie du traité, conformément aux règles juridiques. Si cette annonce ne change finalement pas grand-chose, Donald Trump ayant largement détricoté les mesures environnementales prises par son prédécesseur, elle envoie un mauvais signal à la communauté internationale qui doit se retrouver dans un mois pour la COP 25 à Madrid.

@Greenpeace
Sans surprise, les États-Unis quittent officiellement l’Accord de Paris sur le climat, ratifié par la quasi-totalité de la communauté internationale. Cette promesse de campagne confirmée en juin 2017 s’est traduite par une notification officielle adressée au secrétariat général des Nations unies, lundi 4 novembre, soit trois ans jour pour jour après l’entrée en vigueur de l’Accord. Sur un plan juridique, les États-Unis ne pouvaient le faire avant.
Mais tout n’est pas encore joué pour autant car il faudra encore patienter un an avant la sortie effective du traité, soit – hasard du calendrier – au lendemain de l’élection présidentielle américaine qui aura lieu le 3 novembre 2020. Ce qui fait dire à Pascal Canfin, eurodéputé, que "si Donald Trump n’est pas réélu, les États-Unis pourront revenir à temps dans l’accord et mettre fin à cette parenthèse irresponsable". En cas de victoire d’un démocrate, ce dernier pourrait réintégrer l’accord dès son investiture, le 20 janvier 2021.
"Trump se fiche de la science"
La France a déclaré "regretter" cette décision. Cette notification faite lundi par Washington était "un élément de procédure qui était attendu". Néanmoins, "nous le regrettons et cela rend encore plus nécessaire le partenariat franco-chinois sur le climat et la biodiversité", a indiqué la présidence française alors qu'Emmanuel Macron est en visite en Chine.
"L’administration Trump montre qu’elle se fiche de la science et de l’économie" a réagi Andrew Steer, président du World Resources Institute. "Elle est mue par une vision obsolète datant du siècle précédent, quand on croyait que l’action climatique était coûteuse et détruirait des emplois. Nous savons maintenant que les mesures climatiques intelligentes, qui sont mises en œuvre dans le cadre de l’accord de Paris, favorisent une plus grande efficacité économique et stimulent l’innovation."
"Cette annonce envoie un mauvais signal aux autres nations : la plus grande économie du monde ne prend pas au sérieux la crise climatique, à un moment où nous devons absolument aller plus loin et plus vite pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre" a également prévenu le WWF.
La société civile américaine reste dans l'Accord
Tous les adversaires démocrates potentiels de Donald Trump se sont engagés à revenir dans l’Accord et la coalition "We are still in" lancée en juin 2017, et forte de 25 États, 430 villes, et de centaines d’universités et d’entreprises, clame haut et fort qu’elle fait encore partie du traité. Elle représente 65 % de la population américaine et 68 % de l’économie. "L’abandon de l’accord de Paris est une abdication de leadership à laquelle une majorité d’Américains est opposée", a ainsi déclaré Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York qui coordonne l’initiative.
À ce jour, aucun autre pays n’a suivi la voie des États-Unis. La Russie a même ratifié le texte en septembre dernier lors du sommet pour l’action climatique de New York, portant le nombre de parties à l’Accord à 187 (sur 195 signataires). Mais l’annonce faite par les États-Unis, à un mois de la COP 25 risque d’enrayer la dynamique internationale. L’Arabie Saoudite a, à plusieurs reprises ces derniers mois, remis en question les conclusions scientifiques du rapport 1,5°C du Giec. Et l’Australie a décidé de ne pas renouveler sa contribution au Fonds vert pour le climat, suivant l'exemple américain.
Concepcion Alvarez @conce1