Publié le 06 juin 2017

ENVIRONNEMENT

"We Are Still In", l’initiative des poids lourds de l’économie américaine pour défier Donald Trump sur l’Accord de Paris

125 villes, 9 États, 902 entreprises et 183 universités ont envoyé un message au monde ce lundi 5 juin. Bien que le gouvernement fédéral ait quitté l’Accord de Paris, la société civile et les acteurs économiques feront en sorte que les promesses de réduction des émissions de la première puissance mondiale soient respectées. Pour cela, ils se sont réunis sous l’initiative "We Are Still In" (Nous sommes toujours dans l’Accord de Paris).


Il n’aura pas fallu longtemps aux américains pour entrer en résistance. Jeudi 1er juin, le Président Donald Trump annonçait le retrait de Washington de l’Accord de Paris obtenu lors de la COP21 et ratifié par l’administration Obama. Seulement 96 heures plus tard, 125 villes, 9 États, 902 entreprises et investisseurs, et 183 universités lancent l’initiative "We are still In". Traduire : "Nous sommes toujours dans l’Accord de Paris".

Ensemble, ce groupement représente  "120 millions d’américains et contribue à hauteur de 6 200 milliards de dollars à l’économie américaine", assurent les signataires dans une lettre commune. Ils y "déclarent  leur intention de continuer à s'assurer que les États-Unis demeurent un chef de file mondial dans la réduction des émissions de carbone (...) Ils assurent l'engagement continu des États-Unis pour une action ambitieuse sur le changement climatique, malgré l’absence d’engagement au niveau fédéral. Les signataires procéderont à des réductions d'émissions qui aideront à faire respecter les engagements de l'Amérique dans le cadre de l'Accord de Paris".

Calpers, Facebook, Tesla…

Au rang  des principaux investisseurs et groupes privés signataires de cette initiative, on retrouve : Allianz, Amazon, Apple, Boston Trust/Walden Asset Management, CalPERS, Capricorn Investment Group, Danone, Eastern Bank, eBay, EDF, Facebook, Google, Hewlett Packard, Impax Asset Management, Intel, Microsoft, Mirova , Natixis, Nestlé, Nike, Tesla, Uber, Unilever, Yahoo…

"Les signataires assurent que l'Accord de Paris est favorable à la création d'emplois, à la stabilité et à la prospérité mondiale. L'accélération de la transition énergétique propre des États-Unis est une opportunité - pas une contrainte - pour créer des emplois, stimuler l'innovation, promouvoir le commerce et assurer la compétitivité américaine. En déclarant "We Are Still In", les signataires servent le meilleur intérêt de leurs électeurs, clients, étudiants et communautés en assurant au reste du monde que le leadership américain sur le changement climatique dépasse largement le gouvernement fédéral", peut-on lire dans cette lettre.

"Nous allons faire tout ce que l'Amérique aurait fait si elle était restée engagée (dans l’Accord de Paris)", a résumé, dans une interview au New York Times, Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York qui coordonne l’initiative. C’est-à-dire qu’ils vont faire en sorte que la réduction des émissions de CO2 de 26 à 28 % en 2025 par rapport à 2005 promise par les États-Unis soit respectée, voire dépassée.

En contact avec l’ONU

Et il ne s’agit pas que d’une simple intention puisque l’initiative s’est déjà rapprochée de l’Organisation des Nations-Unies pour que leurs efforts soient comptabilisés dans l’Accord de Paris. Une tâche qui s’avère par avance complexe puisque aujourd’hui les seules parties des négociations climats sont censées être des états.

Ceci n’empêche pas Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), de se réjouir : "La CCNUCC se félicite de la détermination et de l'engagement d'un tel nombre de villes, États, entreprises et autres groupes aux États-Unis pour agir sur le climat (…). L'Accord de Paris reconnaît le rôle indispensable de tous ces acteurs dans la réalisation des transformations qui nous conduiront à un monde à faibles émissions, résilient et offrant des opportunités pour tous. La promesse faite, sous le slogan "We Are Still In", souligne la force et la robustesse de l'Accord et le soutien mondial de tous les secteurs à tous les niveaux de la société ".

Ludovic Dupin, @LudovicDupin


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

Pour aller plus loin

Accord de Paris : le secteur privé américain continuera le combat pour le climat contre Donald Trump

Comme attendu, les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’Accord de Paris obtenu en 2015 lors de la COP21. Mais cette décision, censée protéger l’économie et les emplois selon la Maison Blanche, est loin d’être alignée sur la conviction des entreprises et investisseurs américains. Ces...

[Infographie] Après le retrait des États-Unis, qui est dans l’Accord de Paris ?

À ce jour, 147 parties ont ratifié l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés, voire 1,5 degré, d'ici la fin du siècle. Ces pays représentent 83 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais, le 1er juin, l'annonce par Donald Trump du retrait...

Donald Trump contre le reste du monde

L’annonce de Donald Trump de son retrait de l’Accord de Paris a créé un sursaut de mobilisation. L’Europe a fermement déclaré qu’elle ne négocierait pas un traité au rabais. Aux États-Unis, plusieurs États et grandes villes ont déjà indiqué former une alliance climatique. De leur côté, les...

La lutte contre le changement climatique, une question de survie pour les entreprises

Donald Trump a tranché : les États-Unis sortiront de l’Accord de Paris. Mais dans la sphère économique, des entreprises et investisseurs montent au créneau, insistant sur l’importance de suivre l’objectif de limitation de la hausse de la température globale à moins de 2°C d’ici la fin du...

ENVIRONNEMENT

Climat

Les alertes sur le changement climatique lancées par les scientifiques conduisent à l’organisation de sommets internationaux, à la mise en place de marché carbone en Europe mais aussi en Chine. En attendant les humains comme les entreprises doivent déjà s’adapter aux changements de climat dans de nombreuses parties du monde.

A23a Antarctique Iceberg / AFP PHOTO / COPERNICUS SENTINEL-3 SATELLITE IMAGE ©2023 MAXAR TECHNOLOGIES

Antarctique : un iceberg géant de 4 000 km2 dérive, faisant peser un risque pour les voies maritimes et la faune

"A23a". Son nom ne vous dit peut-être rien, mais il s’agit de l'un des plus grands icebergs au monde : 4 000 km2 pour un poids d’un milliard de tonnes. Bloqué depuis près de 30 ans dans la mer de Weddell, en Antarctique, ce mastodonte s’est mis en mouvement et pourrait rejoindre l’Atlantique Sud,...

Coalitions

[Infographie] Méthane, déforestation, fin des aides publiques aux énergies fossiles : le point sur ces coalitions à la veille de la COP28

Promesses en l’air ou promesses tenues ? La COP26 a été l’occasion pour un grand nombre d’États de prendre de nouveaux engagements pour le climat et l’environnement. Deux ans plus tard, Novethic a analysé trois d'entre eux pour en tirer un premier bilan à la veille de l’ouverture de la COP28 de...

Rapports Wesley Tingey sur Unsplash

COP28 : les cinq rapports à lire avant le sommet sur le climat de Dubaï

À l’approche de la COP28, qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï aux Émirats arabes unis, de très nombreux rapports ont été publiés pour alerter sur les dangers de l’inaction climatique et sur l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir pour rester dans les clous de l’Accord de...

Bresil Taylor Swift TERCIO TEIXEIRA/AFP

44,9°C en Bolivie, 43,1°C au Brésil : des températures infernales en Amérique latine en plein printemps austral

Les records de chaleur tombent les uns après les autres en Amérique latine en raison d’une canicule précoce alors que l’été ne doit débuter que dans un mois. Au Brésil, une jeune femme de 23 ans est décédée après avoir fait un malaise en plein concert de Taylor Swift. "Dévastée", la star américaine...