Publié le 17 janvier 2023
ENVIRONNEMENT
Ouragans, inondations, sécheresses... Les États-Unis, épicentre spectaculaire du changement climatique
La Californie a été placée en état de catastrophe majeure après des inondations et des tempêtes qui se succèdent depuis trois semaines, faisant déjà au moins 19 morts. Les États-Unis sont frappés de plein fouet par les impacts du changement climatique et les payent très chers. 150 milliards de dollars pour l'année 2022. Mais si ces intempéries sont particulièrement médiatisées, d'autres pays paient aussi un lourd tribut, humain notamment, en Asie et en Afrique.

ROBYN BECK / AFP
Cela fait trois semaines que la Californie est frappée de plein fouet par des tempêtes hivernales à répétition et des pluies diluviennes inédites, qui ont fait au moins 19 morts. Une nouvelle "rivière atmosphérique" - phénomène météorologique qui apporte par le ciel d'immenses quantité d'eau des tropiques – doit encore frapper l’État le plus peuplé des États-Unis, déjà détrempé. De nombreux cours d'eau ont débordé, inondant zones urbaines, habitations et terres agricoles asséchées par une sécheresse interminable.
La Californie est habituée aux conditions météorologiques extrêmes, et les tempêtes hivernales y sont courantes. Mais en tel enchaînement est en revanche hors du commun. Le réchauffement de la planète augmente la fréquence et l'intensité de ces phénomènes météorologiques extrêmes, estiment les scientifiques. Or, les infrastructures de contrôle et de rétention de l'eau - digues, lacs artificiels, lits de rivière contraints - "ont été pensées il y a 40, 50 ans" pour "un monde qui n'existe plus", dénonce le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, cité par l'AFP.
Inondations, ouragans, tempêtes et sécheresses : les #EtatsUnis peinent à s’adapter à des phénomènes météorologiques extrêmes amplifiés par le changement climatique pic.twitter.com/to9eJ6zSWK
— Novethic (@Novethic) January 17, 2023
Les États-Unis en tête des statistiques sur les pertes économiques
Selon le bilan des catastrophes naturelles en 2022, dressé par le réassureur Munich Re, l'Amérique du Nord a de nouveau dominé les statistiques avec des pertes d’environ 150 milliards de dollars, les États-Unis représentant environ 95 % des pertes globales, sur un total de 270 milliards de dollars. L’ouragan Ian, qui a frappé les côtes américaines et cubaines en septembre 2022, arrive ainsi largement en tête des catastrophes naturelles les plus coûteuses avec plus de 100 milliards de dollars de dégâts, faisant 150 morts et déplaçant 40 000 personnes.
Une grande partie du pays a également été paralysée peu avant Noël, par la puissante tempête hivernale Elliott. Les États du Nord autour des Grands Lacs à la frontière avec le Canada ont été particulièrement touchés, avec de fortes chutes de neige, des tempêtes de verglas et des températures descendant jusqu'à -20°C. Plus à l'ouest, des températures d'environ -40°C ont été enregistrées. Dans tout le pays, quelque 1,7 million de foyers ont été touchés par des coupures de courant, parfois de plusieurs heures. Selon les médias, plus de 50 personnes ont perdu la vie.
"Le changement climatique pèse de plus en plus lourd. Les chiffres des catastrophes naturelles pour 2022 sont dominés par des événements qui, selon les dernières recherches, sont plus intenses ou se produisent plus fréquemment", explique Thomas Bluck, membre du comité de direction de Munich Re. Il précise également que si les États-Unis figurent bien parmi les pays les plus impactés sur le plan économique, ce sont bien les pays les plus pauvres qui sont les plus touchés sur le plan humain. "La prévention et la protection financière, par exemple sous forme d'assurance, doivent donc être privilégiées", dit-il.
Les pays les plus pauvres restent les plus touchés sur le plan humain
Ainsi, quand on prend le classement des catastrophes naturelles par nombre de morts, ce sont les inondations au Pakistan qui arrivent en tête avec plus de 1 700 morts, et des pertes évaluées à 15 milliards de dollars, dont une très faible partie est assurée. Les inondations au Nigeria qui ont fait plus de 600 morts sont également dans le top 5. Le fonds dédié aux pertes et dommages, acté lors de la COP27 de Charm el-Cheikh, doit permettre de soutenir les pays les plus vulnérables confrontés aux impacts du changement climatique. Ses modalités seront élaborées par un comité spécial pour adoption à la prochaine COP28.
Reste enfin les crises invisibles, qui ne font pas la Une ni des journaux ni des classements, si ce n’est celui établi chaque année par l’ONG Care. Cette année, c'est la crise en Angola - qui subit sa pire sécheresse depuis 40 ans et où près de 4 millions de personnes souffrent de la faim - qui a reçu le moins d'attention avec à peine 1 847 articles publiés dans 5 langues à travers le monde. C’est 50 fois moins que les articles annonçant la sortie du nouvel iPhone !
"La visibilité est primordiale. C’est l'un des principaux leviers qui va permettre de récolter des fonds pour pouvoir venir en aide aux populations, mais aussi d’obtenir des engagements politiques et financiers des responsables politiques", rappelle Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer au sein de Care.
Florine Morestin et Concepcion Alvarez @conce1