Publié le 17 juin 2020
ENVIRONNEMENT
Journée de blocage du 17 juin contre les secteurs "toxiques"
Coincée entre la grande manifestation des soignants et des mobilisations organisées pour le dernier week-end de la Convention citoyenne pour le climat, la journée de blocage du 17 juin appelle à faire converger les luttes contre les secteurs "toxiques" pour la société. Derrière cet appel contre "la réintoxication du monde", il s'agit de nous interroger sur les industries qui doivent s'arrêter ou qu'il faudrait encore développer, en s'appuyant sur les luttes locales.

@Agir17Juin
Terminal pétrolier, projet d’autoroute ou d’urbanisation, centrale nucléaire, usine d’engrais de synthèse, ferme-usine de poulets, ou entrepôts Amazon, voici quelques-unes des cibles visées par l’appel du 17 juin contre la "réintoxication" du monde. 150 collectifs, organisations, syndicats, groupes de gilets jaunes et de la jeunesse climatique, zads et territoires en lutte ont rejoint la mobilisation. Parmi eux, on trouve essentiellement des groupes locaux tels que Youth For climate Lyon, Attac 44 ou encore Extinction Rebellion Marseille. Au total, une cinquantaine d’actions ont été répertoriées pour cette journée.
Blocage du chantier de Bonneuil du Grand-Paris Express
Stop aux Grands Projets Pharaoniques Imposés
Priorité aux transports du quotidien.#StopReintox#Action17juin@Asso_usagersidf@Asso_SaDur @UsagersProvins @Plusdetrains @AutPlaine https://t.co/TeYFKvbCB8 pic.twitter.com/4FIVTYix0D— Collectif Pour le Triangle de Gonesse (@CPTGonesse) June 17, 2020
"Le gouvernement parle du mois de juin comme d'une ‘nouvelle marche’ dans un déconfinement qui n'est pour lui qu'une remise en marche de l'économie et de la destruction du vivant. La seule ‘marche’ sensée c'est au contraire d'agir concrètement pour l'arrêt des secteurs de production les plus empoisonnants", écrivent les signataires de l'appel dans une tribune publiée le 20 mai. "Nous avons aperçu pour la première fois dans nos existences ce qui serait encore possible si la machine infernale s’arrêtait enfin, in extremis. Nous devons maintenant agir pour qu’elle ne se relance pas."
Qu'est-ce qu'on arrête ?
Cette mobilisation fait écho au questionnaire publié par le philosophe Bruno Latour (1) pour nous interroger sur les activités et comportements que nous voudrions voir arrêter ou qu'il faudrait développer. "Nous invitons chacun localement à dresser de premières cartographies de ce qui ne doit pas redémarrer, de ce qui doit immédiatement cesser autour d’eux, en s’appuyant sur les cartes et luttes existantes. Il y a des industries qui ne se sont pas arrêtées pendant le confinement et qui doivent aujourd’hui cesser. Il y en a d’autres qui ont été interrompues et dont l’activité ne doit pas reprendre", écrivent les signataires.
La stratégie adoptée ici suit une logique inverse aux mobilisations classiques organisées au niveau national. Il s’agit là de gagner des luttes locales pour changer le rapport de force dans le temps long. Avec en tête de premières victoires comme l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de l’A45 ou encore d’Europacity. Selon la plateforme Super Local (2), qui a cartographié l’ensemble des "points chauds" sur le territoire, la France compte 1 400 sites ultra-émetteurs de gaz à effet de serre ainsi que plusieurs dizaines de milliers de sites menaçant l’environnement. Autant de batailles à mener...
Concepcion Alvarez
(2) Voir la cartographie des "points chauds" en France