Publié le 06 octobre 2021
ENVIRONNEMENT
Intempéries dans le Sud-Est : "Il faut améliorer notre culture commune du risque sur le changement climatique"
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a de nouveau subi un épisode de pluies intenses en début de semaine. Ces événements gagnent en intensité en raison du changement climatique. L'urgence reste de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais il faut, en parallèle, lancer des plans d'adaptation locaux pour prévenir ces phénomènes extrêmes.

Marins-pompiers de Marseille
En quelques heures, l’équivalent de deux mois de pluie est tombé à Brignoles ou encore à Marseille. Des centaines de tonnes de déchets ont été charriés vers la mer dans la cité phocéenne, en proie à une grève des éboueurs, des routes et des écoles ont été fermées, le trafic ferroviaire interrompu et les salariés appelés à télétravailler. Un an après les intempéries meurtrières de la Vésubie et de la Roya, dans l'arrière-pays niçois, la région Paca est de nouveau sous l'eau.
Le Boulevard Schloesing à Marseille (9e et 10e), n'a pas été épargné par les inondations#Marseille pic.twitter.com/XHfkmxh1au
— La Provence (@laprovence) October 4, 2021
Selon Météo-France, ces épisodes pluvieux surviennent trois à six fois en moyenne par an. "Mais en raison du changement climatique, leur intensité est de plus en plus importante. Elle a crû de 22 % depuis les années 60 et les épisodes particulièrement violents (plus de 200 mm en 48 heures) ont doublé", explique Antoine Nicault, coordinateur du groupe régional d'experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur (Grec-Sud). "Si les modèles de prévision sont de plus en plus performants, il reste toutefois difficile de cibler précisément les lieux qui seront touchés et de prédire comment la situation va évoluer" ajoute-t-il.
Un million de personnes vit en zone inondable
Lundi 4 octobre, le département des Bouches-du-Rhône a rapidement été mis en alerte rouge, pour la première fois en vingt ans, suscitant parfois la surprise, voire l'ironie sur les réseaux sociaux alors que le ciel s’était rapidement éclairci à Marseille. "Il y avait finalement assez peu de gens dans les rues, les messages sont passés et le système d’alerte a plus ou moins fonctionné. Mais nous manquons d’une culture commune du risque sur ces épisodes méditerranéens", poursuit le climatologue Antoine Nicault.
Selon l’Insee, un million de personnes vivent en zone inondable dans la région Paca (19 % de la population), le plus souvent en milieu urbain, sans y être toujours sensibilisé. Un habitant sur six habite dans une maison sans étage où se réfugier, ce qui constitue un facteur de risque supplémentaire. Plus de 100 000 touristes peuvent également être hébergés dans des campings ou des hôtels exposés à un risque de crue. Et 28 % des salariés travaillent dans des établissements situés en zone inondable.
"L’adaptation au changement climatique est très complexe et nécessite la participation de multiples acteurs locaux. Outre la culture du risque et de la mise en oeuvre de systèmes d’alerte et de prévention efficaces, il faut travailler sur l’aménagement du territoire, les plans d'urbanisme et la désartificialisation des sols. Il faudra aussi prévoir, dans certains cas, un repli stratégique avec des déplacements d’habitats" prévient Antoine Nicault. Pour éclairer les décideurs, le Grec-Sud publie régulièrement des cahiers thématiques sur le changement climatique (1). Le prochain sortira en novembre et portera sur les solutions concrètes.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir les publications du Grec-Sud