Publié le 24 septembre 2019
Changement de ton chez les jeunes. Seize enfants, dont l'activiste suédoise Greta Thunberg, attaquent la France et quatre autres pays devant l'ONU. Ils estiment que ces États ont bafoué leurs droits et les appelle à prendre des mesures immédiates pour limiter le réchauffement climatique aux niveaux définis par la science. Une démarche contestée par le Président Emmanuel Macron. Voici le troisième numéro de notre série dédiée à la mobilisation de la jeunesse sur le climat. 

Après la grève scolaire, la jeune activiste suédoise Greta Thunberg change de méthode. Accompagnée de 15 autres enfants de 12 pays du monde, âgés de 8 à 17 ans, elle a annoncé attaquer, auprès de l’ONU, cinq pays : la France, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie. "Le changement climatique n’est pas un problème qu’un pays peut résoudre seul. Tous les pays doivent unir leurs efforts pour résoudre cette crise car il s’agit d’un problème mondial", a déclaré Ridhima Pandey, une des plaignantes, une indienne âgée de 11 ans.
Ces enfants estiment que la politique de ces cinq États face à la crise climatique n’est pas satisfaisante et qu’elle constitue une violation des droits de l’enfant. "La plainte a été déposée en vertu du Troisième Protocole facultatif se rapportant à la Convention internationale des droits de l’enfant, un mécanisme volontaire permettant aux enfants ou aux adultes, en leur nom, de faire appel directement à l’aide des Nations unies si un pays qui a ratifié le Protocole ne fournit pas un recours en cas de violation des droits", explique l’UNICEF qui soutient cette démarche.
Les droits de l’enfant
Quarante-cinq pays ont signé ce protocole mais cette plainte s’adresse "aux plus gros pollueurs climatiques signataires à savoir l’Argentine, le Brésil, la France, l’Allemagne et la Turquie", précise le cabinet d’avocats international Hausfeld qui représente les 16 enfants. Un comité composé de 18 experts indépendants des droits à l’enfant devra déterminer si la plainte est recevable et, si c’est le cas, faire des recommandations aux pays désignés. 
"Ces jeunes nous montrent que les cadres juridiques sont un outil pour protéger les droits de toutes et tous face à l’impunité de ceux qui détruisent la planète. Au niveau local, national et Européen, les citoyens montrent, à tous les échelons, au travers de procédures en justice, que le climat est une affaire de droit(s)", avance Notre Affaire à tous, le collectif composé de quatre ONG ayant déposé un recours contre l’État français pour inaction climatique.
États-Unis, Colombie, Inde… les jeunes attaquent leur gouvernement
Si, pour cette dénonciation auprès de l’ONU, il n’y aura ni juge, ni tribunal, le recours à la voie juridique est de plus en plus prisée par les jeunes. Le 18 septembre, face au Congrès américain, Greta Thunberg s’était affichée aux côtés des enfants de l’affaire "Juliana contre les États-Unis". Âgés de 10 à 21 ans, ces 21 jeunes ont déposé un recours en 2015 pour forcer le gouvernement américain à adopter des mesures de réduction des émissions de CO2. Si cette volonté de justice climatique est née dans les années 2000, portée en Amérique latine par les premières victimes du réchauffement, cette affaire est la première actant la mobilisation de la jeunesse devant les tribunaux.
En Colombie, 25 jeunes, soutenus par l’ONG Dejusticia, ont attaqué en justice le gouvernement, l’accusant de ne pas protéger leurs droits à la vie et à un environnement sain. À la suite de cette requête, en avril 2018, la Cour suprême de Colombie avait ordonné de mettre fin à la déforestation en Amazonie. Le gouvernement devait présenter sous quatre mois un plan d’actions visant à protéger la forêt amazonienne. En Inde, c’est Ridhima Pandey alors âgée de neuf ans qui a déposé plainte contre l’État. Elle juge qu’il n’a pas respecté ses engagements pris lors de l’Accord de Paris.
"Toutes les mobilisations de notre jeunesse ou des moins jeunes sont utiles. Mais il faut qu’elles se concentrent maintenant sur ceux qui sont le plus loin, ceux qui essaient de bloquer. Je n’ai pas le sentiment que le gouvernement français ou le gouvernement allemand, aujourd’hui, sont en train de bloquer", a affirmé Emmanuel Macron, lui aussi en déplacement à New York, au micro d’Europe 1. "Quand je vois qu’on va fermer l’ensemble de nos activités charbon, qu’on stoppe l’exploitation d’hydrocarbures, qu’on est en train de bouger, je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus efficace."
Marina Fabre, @fabre_marina

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