Publié le 14 janvier 2019
ENVIRONNEMENT
Des salariés actionnaires déposent une résolution climat à l'Assemblée générale d'Amazon
En fin d’année dernière, un groupe de salariés actionnaires du géant du commerce en ligne a déposé une résolution pour obliger Amazon à présenter un plan de lutte contre le changement climatique. Le groupe, qui a pris plusieurs engagements environnementaux, est régulièrement pointé du doigt pour son manque de transparence et le retard pris sur ses pairs.

@TonyWebster/Flickr
Une trentaine de salariés d’Amazon, anciens et actuels, détenteurs d’actions gratuites, ont déposé en fin d’année dernière une résolution contre le géant du commerce en ligne. Ils souhaitent que le groupe présente un plan d’action pour faire face au changement climatique et réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Leur proposition doit être votée lors de la prochaine Assemblée générale des actionnaires en mai.
C’est une première dans le secteur de la tech. Habituellement, ce sont les entreprises du secteur pétrolier qui sont concernées. "Amazon n’est pas une simple victime du changement climatique, ses opérations contribuent au problème de manière significative", pointent les signataires, rappelant que les data centers d’Amazon sont principalement alimentés au charbon et que les livraisons utilisent des carburants fossiles. Le groupe vient d’ailleurs de faire l’acquisition d’une flotte de 20 000 fourgonnettes roulant au diesel pour ses livraisons.
Manque de transparence
Tout est parti d’un groupe de discussion par mails en interne au sujet du changement climatique. Les plus motivés se sont rencontrés à plusieurs reprises pour trouver le meilleur moyen d’alerter la direction sur le sujet. Ils se sont finalement inspirés d’une résolution (1) déposée par des investisseurs extérieurs et finalement adoptée au printemps dernier, qui imposait à la direction plus de diversité au sein du conseil d’administration.
Plusieurs études pointent le manque de transparence du géant américain en termes de performance environnementale. "Le groupe refuse toujours de communiquer son empreinte carbone. Il parle volontiers de son engagement dans les énergies renouvelables, mais divulgue très peu de détails sur le taux de recyclage ou le taux d’utilisation de produits chimiques utilisés dans ses produits", indiquait Greenpeace dans un guide sur les entreprises électroniques publié en 2017.
Pression sur les fournisseurs d'électricité
Dans leur résolution, les plaignants listent plusieurs événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique qui ont déjà exposé les infrastructures et les travailleurs. La tornade à Baltimore en novembre dernier a ravagé un centre d’Amazon et causé la mort de deux employés. Les incendies en Californie l’été dernier, ont obligé les salariés du siège à Seattle à porter des masques pour se protéger.
"Nous avons pour objectif d'alimenter notre infrastructure mondiale en énergie renouvelable à 100 % (incluant le nucléaire, ndr). À ce jour, nous avons des systèmes d’énergie solaire dans 25 centres de distribution, qui devraient en atteindre 50 d’ici 2020 (soit 7 % des bâtiments du groupe, ndr). Nous réduisons également les déchets en développant des innovations en matière d’emballage qui ont permis d’éliminer plus de 244 000 tonnes de matériaux d’emballage", rétorque Kara Hurst, directrice du développement durable chez Amazon.
Selon 350.org, le groupe émet chaque année 19 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de près de cinq centrales à charbon. "La responsabilité commence par la mesure et la divulgation des émissions de carbone, comme le font Google, Microsoft, Apple et Walmart depuis des années", souligne l’ONG. "Comparé à nombre de ces entreprises, Amazon est terriblement en retard. Google, qui a déjà atteint son objectif 100 % d'énergie renouvelable pour l'ensemble de ses opérations et de ses centres de données, a fait pression avec succès sur les fournisseurs d'énergie de Caroline du Nord pour qu’ils passent au vert."
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le texte de la résolution ici.