Publié le 08 novembre 2022
ENVIRONNEMENT
À la COP27, Emmanuel Macron détaille ses propositions pour faire face aux pertes et dommages
Au deuxième jour de la COP27, en Egypte, Emmanuel Macron a pris la parole à la tribune pour faire plusieurs annonces sur les pertes et dommages et la biodiversité. Il annonce notamment la création d'un nouveau groupe de travail pour proposer "des financements innovants pour le climat" et une réforme des règles du jeu des grandes institutions financières.

capture d'écran
Lundi 7 novembre, au lendemain de l’ouverture de la COP27, Emmanuel Macron a été le premier chef d’État d’un pays riche à prendre la parole, en l’absence notable des États-Unis et de la Chine, lors du World Leaders Summit, qui se poursuit ce mardi 8 novembre. Et le président français a multiplié les annonces, en débordant largement sur le temps imparti à chaque pays. Il a notamment dédié une partie de son discours à la question du financement des pertes et dommages, qui pour la première fois de l’histoire des COP, a été mise à l’agenda des négociations officielles de la COP27.
EN DIRECT | Suivez le discours du Président @EmmanuelMacron à la #COP27 de Charm el-Cheikh.https://t.co/lV9JiJ7JNX
— Élysée (@Elysee) November 7, 2022
"La confiance s’effrite entre le Nord et le Sud", a-t-il déclaré. "Nous avons besoin d’un grand choc de financements concessionnels (à conditions préférentielles, NDR) et il est au cœur du débat qu’avec raison beaucoup de leaders ont mis sur la table autour des pertes et préjudices. Ils nous ont tous vu, nous les pays les plus riches, au moment de la pandémie, mobiliser des financements exceptionnels. Et ils nous disent que ce qui leur arrive est exceptionnel mais qu’on revient au business as usual. Ils ont raison, ça ne peut pas être le business as usual", a-t-il lancé à la tribune de la COP27.
Lancement d'un groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants pour le climat
Il annonce le lancement d’un nouveau groupe de travail avec la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui a cette année encore prononcé un discours extrêmement marquant. "Nous avons créé un vaccin en 2 ans, nous sommes allés sur la lune. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même pour le changement climatique ?", a-t-elle déclaré. Ce groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants pour le climat regroupant des organismes comme le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE, devra faire des recommandations sur des solutions concrètes d’ici le printemps prochain.
"Il s’agit de débloquer l’accès à de nouvelles liquidités, à de nouvelles capacités de prêt pour des pays y compris à revenu intermédiaire qui sont touchés par ces chocs et de proposer des solutions qui prennent en compte la vulnérabilité climatique de beaucoup de pays. (…) Il s’agit aussi de changer nos règles, les règles de nos grandes banques internationales, de nos banques de développement, du FMI, de la Banque mondiale et de nos grands prêteurs, en disant que ce qu’on vous demande sur la dette, les remboursements et les garanties quand vous êtes victime d’un accident climatique, on doit en quelque sorte le suspendre et le prendre en compte. C’est ça le sujet des pertes et préjudices", a déclaré Emmanuel Macron.
En attendant la réaction des pays en développement, le discours d'Emmanuel Macron a déçu les ONG présentes sur place. "C’est bienvenu que les pertes et dommages fassent partie des priorités de la France, mais cela arrive trop tard et parce qu’on la force à tenir cette position. L’annonce d’un énième groupe de travail est un pied de nez incroyable pour les pays vulnérables, qui demandent une nouvelle facilité. Il est important de réformer le système financier mais c’est du long terme. Or, on a besoin de réponses à court terme et donc ça génère beaucoup de frustration. C’est une occasion manquée", réagit Fanny Petitbon, de l’ONG Care.
"L'humanité a le choix : coopérer ou périr"
Le chef de l’État s’est également longuement attardé sur la question de la biodiversité, "indissociable de celle du changement climatique". Il annonce le lancement d’un programme de préservation positive à trois semaines de la COP15 Biodiversité qui se tiendra à Montréal, au Canada. Ce programme doit permettre d’établir des "contrats politiques et financiers avec des pays disposant d’importants écosystèmes naturels". La Colombie, le Gabon ou encore les Philippines font partie des premiers signataires. Un One Forest Summit, à l’instar du One Planet Summit et du One Ocean Summit, organisés par la France, se tiendra à Libreville, au Gabon, en mars 2023. Emmanuel Macron s’est également prononcé contre "toute exploitation des fonds marins". Et il a assuré que "le climat ne saurait être la variable d’ajustement de la guerre en Ukraine, lancée par la Russie".
Selon un rapport publié ce mardi 8 novembre, les pays en développement (hors Chine) et les marchés émergents auront besoin chaque année de 2 400 milliards de dollars d’ici à 2030, pour atteindre leurs objectifs environnementaux. "L'humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s'agit soit d'un pacte de solidarité climatique, soit d'un pacte de suicide collectif", a déclaré Antonio Guterres à la centaine de dirigeants mondiaux réunis pour la première séance plénière officielle de la COP27. Parmi les pistes évoquées pour trouver de nouveaux financements, il y a notamment la mise en place d'une taxe mondiale sur les bénéfices des entreprises pétrolières et gazières, ardemment défendue par les petits Etats insulaires.
"Au premier semestre de cette année, six entreprises des énergies fossiles ont gagné plus d'argent que nécessaire pour couvrir les coûts des dégâts climatiques majeurs dans les pays en développement, avec près de 70 milliards de dollars de bénéfices", a lancé Gaston Browne, le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda à la tribune de la COP27."Il est temps que ces entreprises paient une taxe carbone mondiale sur ces profits pour financer les pertes et préjudices", a-t-il exigé, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS) menacés par la montée des eaux.
Concepcion Alvarez @conce1