Publié le 06 février 2015

ENVIRONNEMENT

COP 21 : les négociations climatiques reprennent à Genève

Le marathon des négociations climatiques en vue de la COP 21 a commencé. Il s’agit d’aboutir à un texte à la fois ambitieux et consensuel sur le climat qui servira de base aux délégations des 195 pays qui seront représentés lors de la COP 21. Du 8 au 13 février, les discussions reprennent à Genève. Objectif : établir un brouillon définitif d’une trentaine de pages de l’accord qui sera discuté à Paris fin 2015.   

Laurence Tubiana, ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique.
Adam Berry AFP

Les négociations sur le climat sont relancées. Entre les Conférences des parties (les fameuses COP) annuelles se déroulent en effet plusieurs sessions dites "intermédiaires". La première de l’année se déroule du 8 au 13 février à Genève.

Elle doit permettre d’élaborer un texte servant de base à l’accord international espéré à Paris, lors de la COP 21 de décembre 2015, dont l’objectif est de limiter à 2°C le réchauffement de la planète.

 

Un brouillon de l’accord de Paris

 

L’accord issu de la Conférence des parties de Lima (COP 20) comporte en annexe un texte de 37 pages présenté comme la première version du brouillon de l’accord de Paris. Il y développe les grands principes (sur l’atténuation, l’adaptation, les pertes et dommages, les mesures de suivi, le financement, etc.), mais laisse à chaque fois de nombreuses options ouvertes, jusque sur l’objectif même de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau global...

C’est sur cette base que les négociateurs réunis cette semaine à Genève vont travailler pour "organiser et nettoyer" ce qui peut l’être, indique Laurence Tubiana, l’ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et représentante spéciale pour la conférence Paris Climat 2015.

Pour cette session de négociations, une nouvelle méthode va être testée: cette fois, ce sont les parties (les Etats) qui vont rédiger le document et non les coprésidents.

"Surtout, il faut éviter que les discussions aboutissent à un nouveau texte de 200 pages !", souligne Laurence Tubiana. Car ce document va ensuite être traduit dans toutes les langues (il n’existe aujourd’hui qu’en anglais) et servir de base pour les nouvelles négociations de juin, à Bonn. L’"espoir fou" des pays et des organisateurs de la COP21? Aboutir avant le sommet de Paris à un texte expurgé des principaux points d’achoppement.

 

Où en sont les contributions nationales ?

  

La première date possible de remise des copies pour les contributions nationales ("Intented nationally detremined contribution") est fixée au 31 mars. Peu de pays devraient être au rendez-vous: les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) ou la Nouvelle-Zélande devraient détailler leur plan de bataille à cette date. Mais le plus gros viendra plus tard.

"Au moins 90 pays devraient pouvoir présenter leur contribution nationale d’ici la fin du deuxième trimestre, estime Laurence Tubiana. Cela représentera environ 85% des émissions mondiales. Certains, comme la Chine, vont y détailler les mesures qu’ils prennent pour tenir leurs engagements." Les autres pays – essentiellement les plus pauvres –, qui ont plus de difficultés à présenter leur projet de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, vont pouvoir bénéficier de l’aide, notamment financière, des institutions et organismes de développement, comme l’Agence française de développement (AFD) qui doit débloquer 3,5 millions d’euros à cette fin.

Une autre question n’est à ce jour pas tranchée: celle de l’inclusion – ou non – des mesures d’adaptation au changement climatique. Les pays les plus vulnérables et beaucoup de pays d’Amérique latine poussent fortement en ce sens, mais les pays développés, l’UE en tête, freinent des quatre fers.

  

Mobilisation générale  

 

Par ailleurs, le texte de l’accord n’est plus considéré comme l’alpha et l’oméga de la longue route qui permettra au monde de limiter les températures moyennes sous les 2°C à la fin de ce siècle. Une série de "tracks" – des initiatives annexes sur le financement, ou encore "l’agenda des solutions", qui intègrent davantage les élus, la société civile et les entreprises – est largement poussée par la France.

Le temps presse. Comme l’a confirmé, le 2 février, l’Organisation météorologique mondiale, l’année 2014 a été la plus chaude jamais enregistrée sur la Terre. L’an dernier, la température moyenne à la surface du globe a dépassé de 0,57°C la moyenne calculée pour la période de référence 1961-1990.

Le XXIe siècle compte déjà 14 des 15 années les plus chaudes de l’histoire.

Béatrice Héraud
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