Publié le 13 août 2020
ENVIRONNEMENT
Contraint de changer de capitale à cause du changement climatique, l’Indonésie choisit Bornéo menacée par les tsunamis
Jarkata s'enfonce peu à peu dans les eaux en raison d'une urbanisation galopante, combinée au pompage des nappes phréatiques et au réchauffement climatique. Face à cette situation, le Président indonésien a décidé de déplacer la capitale sur l'île de Bornéo. Mais une nouvelle étude met en avant un risque de tsunamis important sur l'île.

bnu khoirul fajar
Le Président indonésien Joko Widodo a-t-il fait le bon choix ? Jakarta, l’actuelle capitale de l’archipel, située sur l’île de Java, s’enfonce littéralement dans les eaux. Entre la surpopulation, les embouteillages monstres, les risques sismiques mais surtout les inondations qui se multiplient à cause du changement climatique, la situation devient préoccupante. "Si nous examinons nos modèles, d’ici 2050, environ 95 % du nord de Jakarta sera submergé", estimait en août 2018 Heri Andreas, un expert de l’affaissement des terres dans une enquête de la BBC.
Le Président a donc décidé de déplacer la capitale sur l’île de Bornéo, qui abrite l’une des plus grandes forêts tropicales au monde. La capitale se situera près des villes de Balikpapan et Samarinda où le risque de catastrophes naturelles est "minime", selon Joko Widodo. "L’emplacement est très stratégique. Il se trouve au centre de l’Indonésie et à proximité des zones urbaines", a déclaré le président dans un discours télévisé repris par l’AFP.
"Un tsunami capable de submerger la baie de Balikpapan"
Mais une nouvelle étude sème le doute sur le choix de la localisation. Les chercheurs d’une équipe internationale de l’université d’Édimbourg viennent en effet de découvrir que l’île de Bornéo était très exposée à un risque de tsunami. Ils ont analysé plus de 2,5 millions d’années de données géologiques et ont constaté que 19 glissements de terrain sous-marin avaient déjà eu lieu dans le détroit de Makassar situé entre les îles de Bornéo et de Sulawesi.
Ces glissements de terrain se sont produits une fois tous les 160 000 ans mais si un nouveau survenait, il toucherait principalement les villes de Balikpapan et Samarinda. Ces "avalanches sous-marines", comme les décrit l’autrice principale de l’étude, Rachel Brackenridge, peuvent créer des vagues de grande ampleur à la surface. "Un glissement de terrain suffisamment puissant pourrait déclencher un tsunami capable de submerger la baie de Balikpapan", notent les chercheurs.
Un risque de déforestation sur Bornéo
Pour l’instant, les scientifiques doivent affiner leur étude pour comprendre l’ampleur du danger et préfèrent rester prudents. "Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour évaluer correctement la situation", a déclaré à BBC News le Dr Uisdean Nicholson, co-auteur de l’étude qui invite le gouvernement indonésien à prendre en compte ces nouvelles données.
Outre le risque de tsunami, les associations environnementales craignent, à plus court terme, que l’installation de la capitale sur Bornéo, île qui a déjà perdu la moitié de ses forêts au cours des 30 dernières années, accélère la déforestation. L’île a été particulièrement dépaysée par l’explosion des plantations de palmiers à huile près de Kalimantan alors que cette terre abrite 6 % de la biodiversité mondiale.
Marina Fabre, @fabre_marina