Publié le 20 août 2018
La condamnation de Monsanto aux États-Unis trouve un écho en France. Le parti Europe Écologie Les Verts (EELV) vient de déposer un recours devant le tribunal administratif pour que les autorités sanitaires réexaminent d'urgence le glyphosate. Il estime que le procès américain a apporté de nouveaux éléments qui remettent en cause les autorisations de mise sur le marché des herbicides comme le Roundup.

Europe Écologie Les Verts (EELV) enfonce le clou. Le parti politique va déposer un recours en référé devant le tribunal administratif pour faire interdire les herbicides à base de glyphosate commercialisé et fabriqués par Monsanto. Ce recours fait suite à la récente condamnation du groupe américain, racheté par l’allemand Bayer, à verser 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier américain atteint d’un cancer.
Monsanto était au courant depuis 1984
Les jurés du tribunal de San Francisco ont estimé que Monsanto n’avait pas informé les utilisateurs du Roundup des possibles effets dévastateurs du glyphosate sur la santé, mettant en cause le principe de précaution. Cet herbicide, dont le principal agent actif est le glyphosate, est pourtant le plus vendu au monde. "C’est le début de la fin de l’arrogance, de la suffisance de ce couple maudit Bayer-Monsanto", déclarait alors à Libération Nicolas Hulot, ministre de l’Écologie.
C’est sur cette condamnation historique que EELV compte s’appuyer pour faire pencher la balance. "Ce qui est intéressant c’est que le tribunal de San Francisco s’est fondé sur les documents internes de Monsanto, qui montrent que la société est au courant depuis 1984 des dangers cancérigènes de son produit Roundup. Et ça, c’est un élément nouveau que les autorités doivent prendre en compte", estime au micro de France Info Julien Bayou, porte-parole d’EELV.
Doute sur l’indépendance des agences européennes 
Si en 2015, le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, branche de l’OMS, Organisation mondiale de la santé, a classé le glyphosate comme cancérigène probable, depuis, plusieurs agences ont contredit cette analyse. L’Anses, agence française, ou l’Efsa, Autorité européenne de santé alimentaire, ont considéré le glyphosate comme peu ou pas cancérogène. Mais des doutes ont été émis quant à leur indépendance.
En 2017, plusieurs médias et associations ont révélé qu’une centaine de pages du rapport de l’EFSA sur le glyphosate était un copié-collé de l’expertise déposée par la Glyphosate Task Force, un lobby créé et géré par Monsanto. Or c’est sur l’étude de l’Efsa que se sont basés les États membres de l’Union européenne pour renouveler la licence du glyphosate pour cinq ans.
"Nous souhaitons une suspension du glyphosate pour les particuliers", réclame EELV. En revanche, pour les professionnels l’agriculture, "trop dépendante du glyphosate pour une suspension immédiate", le parti écologiste demande au gouvernement de fournir des aides aux agriculteurs qui leur permettrait de se passer de ce produit. 
Marina Fabre @fabre_marina

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