Publié le 13 août 2018
ENVIRONNEMENT
Condamnation de Monsanto : la revanche des anti-glyphosate
La condamnation historique de Monsanto par un tribunal américain relance "la guerre" contre les pesticides, estime Nicolas Hulot. Elle sonne surtout comme une revanche pour les anti-glyphosate qui n'avaient pas trouvé satisfaction dans les décisions politiques récentes. Reste que Bayer désormais propriétaire de Monsanto, ne rend pas les armes, et affirme que le glyphosate "ne constitue pas de danger".

Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Nicolas Hulot a de quoi exulter. La condamnation de Monsanto par un tribunal de San Francisco à payer 290 millions de dommages à un jardinier américain atteint d’un cancer est historique. "C’est le début de la fin de l’arrogance, de la suffisance de ce couple maudit Bayer-Monsanto", déclare-t-il dans Libération. "C’est le début d’une guerre" contre les pesticides, lance-t-il à BFM TV.
Nicolas Hulot libère sa parole
Jamais auparavant, le géant des OGM, racheté récemment par l’allemand Bayer, n’avait été condamné pour avoir sciemment décidé de ne pas informer les utilisateurs du Roundup de ses effets dévastateurs sur la santé. Cet herbicide, dont le principal agent actif est le glyphosate, est pourtant le plus vendu au monde.
Pour Nicolas Hulot, cette condamnation a un goût de revanche. Le ministre de la Transition écologique et solidaire s’était battu bec et ongles pour que la licence du glyphosate dans l’Union européenne ne soit renouvelée que de 3 ans dans la zone. Finalement, les États membres avaient opté pour une prolongation de 5 ans. Emmanuel Macron, lui, s'était engagé à une sortie sous 3 ans, avant de faire machine arrière et d’éviter soigneusement d’inscrire cette promesse dans la loi sur l'Alimentation.
Cette condamnation "corrige l'indifférence des politiques"
Ce jugement vient "corriger l’indifférence des politiques vis-à-vis de cette firme", estime ainsi Nicolas Hulot. D’autant que cette décision de justice - contre laquelle Monsanto va faire appel - peut avoir un effet boule de neige. "Cette condamnation est la première d’une longue série aux États-Unis où des milliers de procédures similaires ont été lancées, mais aussi en France avec la famille Grataloup par exemple et ailleurs dans le monde", espère l’association Generations futures.
En France, un agriculteur, Paul François, est le premier à avoir obtenu gain de cause contre Monsanto. Son cas ne concernait pas le Roundup, mais le Lasso, un herbicide interdit depuis maintenant une dizaine d’années en France. La firme, qui doit indemniser l’agriculteur, n’a toujours pas versé l’argent, prolongeant ainsi la bataille judiciaire. Mais la décision de justice américaine a de quoi redonner espoir à Paul François. "Cette décision me conforte dans l’idée que je dois continuer cette procédure", a-t-il expliqué à France Info.
Pour Bayer, "le glyphosate ne constitue pas de danger"
Reste que Bayer, le nouveau propriétaire de Monsanto, ne compte pas lâcher les armes aussi facilement. Il a de son côté les autorisations de mise sur marché des autorités sanitaires de chaque pays. "Bayer est convaincu que le glyphosate ne constitue pas de dangers pour la santé humaine quand il est utilisé conformément aux recommandations d’usage, et c’est le cas pour les millions d’agriculteurs en Europe, en France qui reconnaissent sa grande qualité pour la protection des cultures", a déclaré le patron de Bayer France, Franck Garnier, sur BFMTV.
La FNSEA, le principal syndicat agricole en France, n’a pour l’instant pas réagi à la condamnation de Monsanto. Celui-ci a toujours refusé une sortie sous 3 ans du glyphosate. Il plaide pour une réduction progressive des pesticides.
Marina Fabre @fabre_marina