Publié le 16 janvier 2019
ÉNERGIE
Grand débat national : les ménages face à la transition énergétique
Le coup d’envoi du grand débat de la transition énergétique a été donné hier. Parmi les grands thèmes qui sont soumis à l’avis de la population pendant ces deux prochains mois, la transition énergétique. Les questions posées sont très concrètes : comment se loger, se chauffer, se nourrir ou se déplacer pour respecter l’environnement mais aussi les budgets des plus modestes ? Et quels moyens et outils peut-on les financer ? Pour pouvoir y répondre, voici quelques données clés.

@baramee2554
C’est l’un des sujets qui a provoqué l’étincelle de la mobilisation des Gilets jaunes. La contribution des ménages à la transition énergétique est donc naturellement au cœur du Grand débat national. Parmi les préoccupations quotidiennes des ménages les plus modestes : se loger, se chauffer et se déplacer le plus facilement possible, à moindre coût. Mais si l’équation est connue, sa résolution est loin d’être simple. le point en quelques données clés.
Logements et chauffage : le défi de la rénovation thermique des bâtiments
Les chiffres sont alarmants. 14% des ménages français sont en précarité énergétique, c’est-à-dire qu’ils consacrent plus de 10% de leurs revenus au chauffage de leur logement…tout en souffrant du froid en hiver, estime l’Ademe. La faute notamment à un parc de logements vieillissants et mal isolés, très énergivore. Le secteur résidentiel (et tertiaire) français consomme ainsi à lui seul près de 45% de la consommation d’énergie finale, c’est deux fois plus que nos voisins allemands. Qui plus est, il compte pour près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre françaises.
Depuis plusieurs années, la rénovation thermique des bâtiments est donc considérée comme cruciale voire une "priorité nationale". Fin 2017-2018, une large consultation rassemblant tous les acteurs du secteur avait d’ailleurs déjà été menée pour faire émerger des "idées neuves"… Il y a urgence, 7 millions de logements sont actuellement considérés comme des "passoires thermiques". Mais si l’objectif est de rénover 500 000 logements par an, dont la moitié occupée par des ménages aux revenus modestes, les travaux prennent du retard.
Transports : le défi d’une mobilité douce, accessible
Autre défi de taille, celui des transports, principal secteur émetteur de gaz à effet de serre français (29%). Comme pour le logement, des débats se sont déjà tenus sur le sujet, encore récemment avec les Assises de la mobilité et une loi est en cours. Mais le mouvement des Gilets jaunes a mis en exergue la difficulté de la mobilité contrainte. Selon le baromètre 2018 Sofinco sur les transports, 35% des Français déclarent ne pas avoir le choix de leur mode de transport quotidien, c’est 8 points de plus qu’en 2017 et 14 de plus qu’en 2016.
La problématique est d’autant plus forte dans les zones rurales, où les transports en commun ou partagés restent une alternative de niche à la voiture individuelle. Or selon les chiffres de l’Ademe et de l’Insee, une voiture coûte plus de 5 000 euros par an, soit en moyenne, 10 à 12% du budget d’un ménage.
Différentes études montrent les conséquences économiques et sociales du manque de mobilité. Près de 7 millions de Français sont limités au quotidien dans leurs déplacements selon l’Avise, soit 20% des actifs. Or, la moitié des chômeurs disent avoir refusé ou un emploi ou une formation en raison d’une mobilité restreinte.
Financement : comment faire moins peser la transition sur les ménages ?
C’est aussi la question du financement qui pose problème. Les efforts demandés pour cette transition affectent "davantage les personnes non-aisées (coût d'un changement de voiture, coût d'un changement de mode de chauffage...) ou les personnes vivant dans les territoires ruraux (déplacements en voiture nécessaires)", souligne ainsi la synthèse des cahiers de doléances collectés par les maires ruraux de France.
Une récente étude publiée par le think tank I4CE montre en effet que sur le logement et les transports, ce sont les ménages qui contribuent financièrement le plus à la transition énergétique, devant les pouvoirs publics et les entreprises. Et les moyens alloués sont loin d’être suffisants.
La question du financement, notamment via les impôts et taxes, que pose le débat est donc cruciale. La fiscalité écologique, pourtant nécessaire et encore très faible en France, est aujourd’hui considérée comme injuste. En témoigne la taxe carbone qui a fait figure de goutte d’eau pour déclencher le mouvement des Gilets jaunes. Mais d’autres taxes sont mises en cause : la facture d’électricité est composée à 54% de taxes, souligne ainsi l'édition du 9 janvier du Canard enchaîné. Selon le même journal, le coût de production du kilowattheure ne représente aujourd’hui plus que 25%. Tout comme celui du carburant.
Béatrice Héraud @beatriceheraud