Publié le 02 octobre 2018
ÉNERGIE
[Infographie] Mondial de l’auto : la voiture électrique est-elle vraiment la plus verte ?
Du 4 au 14 octobre, Paris accueille son traditionnel Salon de l’automobile, avec en vedette plus que jamais cette année, la voiture électrique. Si les constructeurs ont entamé leur conversion, de nombreux défis se posent sur l’approvisionnement en terres rares pour les batteries, sur la fin de vie de ces véhicules et sur le mix électrique qui les alimentent.

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En 2019, pas moins de neuf nouveaux modèles de voitures électriques sont attendus, de la petite citadine au gros SUV. Une aubaine pour l’environnement ? La réponse est loin d’être évidente. Car si la voiture électrique a en effet une longueur d’avance indéniable sur la qualité de l’air par rapport à son équivalent thermique en n’émettant aucun gaz à effet de serre, sa production en revanche pose de nombreuses questions.
C’est notamment la fabrication des batteries qui est pointée du doigt : elle compte pour 40 % de l’impact environnemental des véhicules électriques. Leur production demande en effet beaucoup d’énergie et de ressources notamment en métaux rares. Elle contribue par ailleurs à l’acidification des terres (+ 25 % par rapport à une voiture thermique) à cause de l’exploitation de nickel et de cobalt entrant dans les batteries. Et elle questionne sur les conditions d'extraction qui voient parfois travailler des enfants.
Néanmoins, sur l’ensemble du cycle de vie, du minerai à la décharge, en passant par l’usage, l’électrique garde son avantage. Elle émet au global trois fois moins de gaz à effet de serre qu’une citadine roulant à l’essence, et presque deux fois moins qu’une grosse berline roulant au diesel. "La voiture électrique n’est pas dépourvue d’impacts environnementaux, fait remarquer Aurélien Schuller du cabinet Carbone 4. Mais dans l'ensemble, l’électrique a toutefois l’avantage de nous pousser à repenser notre mobilité et nos déplacements puisque son autonomie est réduite par rapport aux véhicules thermiques."
Autre défi pour l’électrique, la fin de vie des batteries. Aujourd’hui, en Europe, seules 5 % des batteries au lithium sont recyclées, mais la filière ne s’est pas encore constituée faute de volumes. Les constructeurs devront quoiqu’il en soit se pencher sur la question puisque, depuis 2011, l’Union européenne les oblige à recycler au moins 50 % du poids des batteries.
Le mix électrique fait varier l'impact de l'électrique
"Dans un contexte de forte croissance du marché des véhicules électriques d’ici à 2030, la réduction des impacts de l’étape de fabrication est une condition de la soutenabilité de la filière. Cela passera par la mise en place d’une économie circulaire, de la conception des batteries (écoconception et développement de nouvelles chimies) au recyclage, en passant par l’optimisation des usages des véhicules et la réutilisation des batteries en seconde vie", expliquait l’Ademe dans un récent rapport sur l’électrique.
Le bilan environnemental de l’électrique dépend aussi du mix utilisé pour la faire rouler. En France, où le nucléaire domine, l’impact environnemental d’un véhicule électrique est de 65 grammes de CO2/km contre 160 en Pologne, qui carbure principalement au charbon. Avec 43 % d'énergies renouvelables dans le mix, les impacts de l'électrique se trouveraient réduits de 5 %.
Enfin, la voiture électrique présente des enjeux géostratégiques importants. C'est la Chine qui détient aujourd'hui un monopole quasi exclusif sur certaines terres rares et sur leur transformation pour la fabrication des batteries.
Concepcion Alvarez, @conce1