Publié le 13 octobre 2025

Figure incontournable de la diplomatie environnementale, Monique Barbut succède à Agnès Pannier-Runacher au ministère de la Transition écologique. Son profil rassure à l’international, à la veille de la COP30, mais elle hérite d’un ministère fragilisé, sans cap clair, dans un contexte politique des plus incertains.

C’est une figure chevronnée de la diplomatie environnementale. À 69 ans, Monique Barbut succède à Agnès Pannier-Runacher et prend la tête du ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature. Sa nomination, officialisée par l’Élysée dimanche 12 octobre à 22h, intervient à un moment stratégique : la COP30 approche à grands pas, prévue dans moins d’un mois à Belém, au Brésil.

Économiste de formation, Monique Barbut possède une longue expérience des institutions internationales. Elle a dirigé la division “technologie, industrie et économie” du Programme des Nations unies pour l’environnement (2003-2006), présidé le Fonds pour l’environnement mondial (2006-2012), puis occupé le poste de secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (2013-2019). En 2019, Emmanuel Macron l’a nommée envoyée spéciale pour la biodiversité, puis pour le climat, poste qu’elle occupait jusqu’à sa nomination. De 2021 à 2023, elle a également présidé le WWF France, renforçant son ancrage dans la société civile.

Un besoin de cap

Mais derrière ce profil prestigieux, Monique Barbut hérite d’un ministère affaibli. Le portefeuille énergétique reste à Bercy, confirmant l’éclatement des compétences. Et si le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) a bien été adopté, deux textes stratégiques majeurs – la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC3) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) – attendent toujours leur validation, malgré leur finalisation.

Les signaux d’alerte sont nombreux. Selon les dernières estimations du Citepa, les émissions de gaz à effet de serre ne devraient baisser que de 0,8 % en 2025, bien loin des -5 % annuels nécessaires pour tenir les objectifs de la France. Agnès Pannier-Runacher, qui a choisi de ne pas reprendre son poste, expliquait ce recul notamment par l’incertitude politique et “les politiques de stop-and-go sur les dispositifs d’accompagnement à l’électrification des véhicules ou à la rénovation”.

Pour mener à bien sa mission, Monique Barbut pourra s’appuyer sur deux ministres délégués. Catherine Chabaud, première femme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire à la voile, est nommée à la mer et à la pêche. Mais c’est surtout l’arrivée de Mathieu Lefèvre, 38 ans, comme ministre délégué à la Transition écologique, qui suscite des interrogations. Dans une tribune récente, il écrivait : “Qui peut raisonnablement croire que nous financerons par de l’argent public que nous n’avons pas la transition écologique dont le coût sera de plusieurs dizaines de milliards d’euros ?”.

“Sera-t-elle encore en poste lors de la COP30 de Belém ?”

Sur le plan institutionnel, le ministère de la Transition écologique remonte dans la hiérarchie protocolaire : il atteint désormais le quatrième rang du gouvernement, contre la onzième place dans le précédent exécutif Lecornu I, resté en place seulement 14 heures. Mais ce regain de visibilité suffira-t-il à relancer l’action écologique ?

Interrogée par Novethic, Anne Bringault du Réseau Action Climat évoque Monique Barbut comme une connaisseuse des dossiers internationaux, et “c’est crucial un mois avant la COP30” mais “la vraie question sera la priorité donnée par Sébastien Lecornu à la transition écologique alors qu’il l’a très peu évoquée ces dernières semaines”, s’inquiète-t-elle.

L’avocat spécialisé en droit de l’environnement Arnaud Gossement va dans le même sens. Il salue le profil de Monique Barbut comme “idéal pour représenter la France dans les enceintes internationales”, tout en posant une question qui résume les incertitudes du moment : “Mais sera-t-elle encore en poste lors de la COP30 de Belém ?”. Et de fait, le Rassemblement national (RN) et la France insoumise (LFI) ont annoncé déposer des motions de censure. “Un conseil aux nouveaux arrivants : ne déballez pas trop vite vos cartons“, a prévenu sur le réseau social X la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes