Publié le 23 septembre 2025

Plus de reporting, plus d’investissements dans la transition climatique, plus de politique de prévention… L’Espagne est en train de devenir un leader européen pour la transformation durable, à l’heure où trop de pays européens s’enferment dans les reculs environnementaux.

Alors qu’une grande partie de l’Europe, dont la France, est en train d’accumuler les retards en matière écologique et climatique, un pays fait de la résistance : l’Espagne. En première ligne face à la crise climatique, l’Espagne a connu ces dernières années une multiplication des événements climatiques extrêmes, qui ont durement frappé son économie. Face à cette menace, le gouvernement social-démocrate espagnol, au pouvoir depuis 2018, multiplie les initiatives pour renforcer la résilience du pays et son ambition climatique.

Dernier exemple : cette année, le décret 214/2025 publié par le gouvernement va renforcer les normes climatiques pour les entreprises, et notamment leurs obligations de reporting. A partir de 2026, les entreprises espagnoles seront ainsi soumises à l’obligation de calculer précisément leur empreinte carbone et d’élaborer et de publier des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sont concernées toutes les entreprises de plus de 250 employés, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 40 millions d’euros.

Des obligations de reporting climatiques étendues

Dès l’année prochaine, ce sont donc près de 24 000 entreprises qui devront calculer et publier un bilan de l’ensemble de leurs émissions de gaz à effet de serre, en comptabilisant leurs émissions directes et celles liées à leurs consommations énergétiques (scope 1 et scope 2) avant de devoir intégrer les émissions indirectes liées à la chaine de valeur (scope 3) dès 2028. Les entreprises soumises devront également élaborer un plan de transition climatique comportant une trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre sur au moins cinq ans et une liste des mesures concrètes visant à réduire leur impact climatique, ainsi qu’une présentation séparée des mesures de capture du carbone ou de compensation.

Avec ces mesures, l’Espagne prend ainsi le contre-pied du mouvement de dérégulation en cours en Europe, et sécurise des obligations de reporting climatique étendues, comparables à celles introduites initialement par la directive sur le reporting de durabilité (CSRD) actuellement remise en cause par la loi omnibus.

L’Espagne, nouveau pionnier de la transition environnementale européenne

Parallèlement, l’Espagne est aussi en train de multiplier ses investissements dans la transition climatique. L’an dernier, le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez avait ainsi réactualisé son ambition climatique, en augmentant ses objectifs de réduction des émissions, et en dévoilant un plan important d’investissements dans la transition climatique et énergétique. Au total, d’ici 2030, ce sont près de 300 milliards d’euros qui devraient être investis pour développer des dizaines de GW de production d’énergie renouvelable et de nouvelles activités économiques servant la transition écologique. Selon les estimations du gouvernement, ces investissements devraient conduire à une vraie bascule de l’économie et des entreprises espagnoles, avec une hausse prévue de 3,2% du PIB et la création de 560 000 emplois. Une politique qui tranche avec la situation française, où la planification écologique est à l’arrêt et la programmation pluriannuelle de l’énergie se fait toujours attendre.

Début septembre, le chef du gouvernement a également proposé le lancement d’un “pacte d’Etat face à l’urgence climatique”, incluant de nouvelles mesures visant à améliorer la prévention et l’adaptation face à la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Discuté en ce moment au parlement espagnol, ce pacte pourrait devenir un pilier central de la politique climatique espagnole. Une politique qui ne semble pas nuire à la compétitivité du pays, puisque l’Espagne est actuellement l’un des moteurs de la croissance européenne. Avec une croissance du PIB quatre fois supérieure à celle de la France, l’Espagne vient également de voir la note de sa dette réévaluée à la hausse, au même niveau désormais que celle de l’Hexagone. Preuve s’il en fallait que les investissements écologiques et climatiques peuvent aller de pair avec le dynamisme économique.

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